À qui est destiné ce site web ?

Ce site est destiné à toute personne souhaitant s’initier aux concepts et à l’utilisation du test de Szondi et à l’anthropopsychiatrie.

Leopold Szondi, 1893 - 1986

Le test de Szondi est un outil utilisé en psychothérapie. Il a été élaboré en 1947 par Leopold Szondi (1893-1986), psychiatre d’origine hongroise. Il part de l’idée que le psychisme est organisé à partir d’un système de pulsions qui oriente notre façon d’être et que notre destinée est liée au choix (amoureux, amical, professionnel, de maladie) que nous faisons. Il est la base de ce que Szondi nomme «l’analyse du destin».

Jacques Schotte, 1995

Les concepts szondiens ont été repris par Jacques Schotte (1928-2007), psychiatre belge, Professeur à Leuven et Louvain-la-Neuve. S’opposant à l’approche réductrice du DSM (manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), il a élaboré une nouvelle approche de l’homme malade qu’il nomme «l’anthropopsychiatrie» conjuguant psychanalyse, psychiatrie et philosophie.

Jean Mélon

Jean Mélon, psychiatre né en 1942 en Belgique a joué un rôle considérable dans la formation et le développement de la théorie szondienne. Son livre de référence : «Dialectique des pulsions » coécrit avec Philippe Lekeuche en 1982 reste l’outil essentiel pour toute personne souhaitant s’initier aux concepts szondiens.

Marc Ledoux

Marc Ledoux nous parle de Szondi

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Laurence Fanjoux-Cohen –              Psychiatre  (Perpignan)

Dans ma pratique de psychiatre libérale, j’ai progressivement intégré le test de Szondi . Je l’avais découvert lors des «Causeries du lundi» de Michel Balat. C’était en 2006 et nous avions étudié l’articulation des vecteurs szondiens et des fantasmes originaires aux connecteurs logiques peirciens.

La découverte de la dialectique pulsionnelle m’a d’emblée beaucoup intéressée et grâce à la lecture de «La dialectique des Pulsions» de Philippe Lekeuche et Jean Mélon, ainsi que de l’ouvrage de Patrick Derleyn «Manuel théorique et pratique du Szondi», et surtout de l’aide de Marc Ledoux lors des rencontres que nous organisons plusieurs fois par an à Perpignan. J’ai progressivement apprivoisé la technique ainsi que son interprétation.

La passation du test avec son côté ludique introduit une dimension de jeu qui assouplit la relation. Par exemple pour les adolescents très fermés, hostiles d’emblée à une prise en charge psychiatrique et qui sont amenés par des parents inquiets. Ou alors pour des patients qui ont déjà beaucoup consulté de nombreux thérapeutes et pour qui de multiples diagnostics ont été posés.
Il y a un certain effet de surprise qui provoque un mouvement psychique. Le seul fait de choisir les photos ramène à la dimension szondienne du choix que chacun d’entre nous peut faire dans sa vie.

Lors du premier passage, j’explique très succinctement le déroulé du test. Le seul fait de mentionner que celui-ci doit idéalement être réalisé à dix reprises introduit la dimension temporelle dans la prise en charge. L’idée que le psychisme est malléable vient s’opposer à la crainte de se voir enfermé dans un carcan de diagnostic psychiatrique et prendre du temps, prendre son temps, c’est aussi beaucoup ça qu’apporte le passage du test de Szondi.

J’indique toujours que le test est peu utilisé car très complexe, mais que c’est cette complexité qui est intéressante. Je m’oppose ainsi à tout simplisme réducteur que l’on trouve si fréquemment dans les prises en charge psychiatriques où un diagnostic est asséné et assorti de traitements lourds. Le thérapeute n’est plus dans une position hiérarchique de supposé savoir qui est souvent si nocive à tout processus thérapeutique. On est penchés, le patient et moi-même sur son profil szondien, on en parle, on en papote, on en joue… voyons, que va dire Szondi aujourd’hui ?…

Je n’utilise pas d’emblée le test pour redresser ou formaliser un diagnostic. Ou en tout cas, pas fréquemment. J’ai en tête quand même de trop nombreux patients, qui a la suite d’une hospitalisation en psychiatrie étaient surdosés en neuroleptiques et pour qui le diagnostic de schizophrénie avait été posé de façon définitive. Le passage du Szondi a permis d’ouvrir des possibles et ainsi de diminuer, voire pour certains d’arrêter les neuroleptiques et de modifier le diagnostic.

Je me souviens d’une patiente qui pendant plusieurs années multipliait les crises que je qualifiais d’hystériques et qui déambulait anarchiquement entre son analyste, plusieurs psychiatres et des hospitalisations dans tous les établissements de la ville où le diagnostic de bipolarité était retenu. Je lui ai enfin proposé de faire un test de Szondi qui a montré des accentuations massives dans le facteur de la toxicomanie. Toxicomanie qu’elle mentionnait parfois mais qu’elle incluait dans une problématique de couple et que j’avais jusque-là toujours minimisée. Le test nous a permis de positionner cette problématique de façon centrale ce qui a complètement modifié les choses pour elle.

Le test s’intègre dans la relation transférentielle et doit être utilisé avec précaution. Comme mentionné plus haut, je ne fais pas d’interprétation intempestive comme le conseille Szondi et le rappelle fréquemment Marc (Ledoux), mais j’utilise les résultats dans le déroulé de la relation psychothérapique pour pointer certaines accentuations pulsionnelles flagrantes ou certains clivages signifiants.

Même si le test doit être idéalement répété dix fois, je constate que dans de nombreux cas, je ne le fais passer que deux ou trois fois. En effet, le travail psychothérapeutique prend souvent le pas sur le test lui-même, recentrant ainsi le patient sur lui-même. L’élaboration de l’arbre généalogique vient compléter l’histoire clinique et le processus psychothérapique.
Parfois ce sont les patients qui viennent me demander de faire le test : «Pour savoir où j’en suis» «pour voir si je déconne pas trop» ou alors pour vérifier un questionnement psychique qui pourrait trouver un éclairage bienvenu dans la dialectique szondienne.