Jean Mélon

Les fondements métapsychologiques du système szondien des pulsions. Promotion du concept de pulsion dans l’œuvre de FREUD. 

Jean Mélon  (1999)

En 1969, dans sa communication au Congrès de Louvain, SCHOTTE a rappelé que : « l’œuvre de SZONDI se situait au même moment – structural, et sans doute précisément ce moment auquel peut revenir par excellence la qualification de structural – que celle de Jacques LACAN ». Quelques années plus tôt, SCHOTTE avait produit sa « Notice pour introduire le problème structural de la Schicksalsanalyse », texte-manifeste qui faisait apparaître le caractère authentiquement structural du Triebsystem. SZONDI, dès le départ de son œuvre, avait proclamé sa volonté de dévoiler la structure cachée de l’ensemble de la vie pulsionnelle. En découvrant le « Triebsystem », il avait la conviction d’avoir atteint son but.

Toutefois SZONDI n’a jamais réussi à justifier en théorie ni en pratique le bien-fondé de son opinion à ce sujet. En invoquant une probable mais indéfinissable origine génique des pulsions, il s’est engagé dans une impasse puisqu’il est évident qu’une telle hypothèse est totalement invérifiable. FREUD avait pourtant insisté sur le faitque les pulsions n’étaient perceptibles et donc connaissables que par l’intermédiaire de leurs représentants: affects et représentations. Mais FREUD lui-même ne s’est jamais risqué à faire un inventaire des pulsions ni moins encore à agencer celles-ci en un quelconque système si on excepte les deux théories, radicales mais imprécises , du dualisme pulsionnel (Ichtriebe/ Sexualtriebe ( 1911) et plus tard Eros/Thanatos (1920). Ce que l’Ego Psychology nomme le point de vue structural en psychanalyse, c’est à dire la deuxième topique- « Id, Ego, Superego »- ne répond pas aux critères exigibles pour parler véritablement de structure .

Puisque SCHOTTE évoquait en 1969 la notion de moment structural, c’en fut un, précisément, lorsque l’année même où il publiait sa « Notice », en 1964, Jean LAPLANCHE et Jean Bertrand PONTALIS faisaient paraîtredans les « Temps Modernes » leur article : « Fantasmes originaires, fantasme des origines, origine du fantasme ». C’est dans cet article que se dévoile pour la première fois ce qui dans l’œuvre monumental de FREUD a les qualités véritables d’une structure, soit les “Fantasmes Originaires” -« Urphantasien »- qui, dans leur articulation réciproque, s’avèrent être jusque dans la praxis, les éléments premiers, « originaires », irréductibles, constitutifs d’un authentique système, celui qui régule le plus profond de la vie “animique” ( das Seelische) : l’inconscient. Le seul passage dans tout l’œuvre de FREUD où la question des « Fantasmes originaires » est seulement effleurée, est le paragraphe conclusif de l’article sur l’Homme aux Loups. Il est significatif que cette percée décisive de la pensée de FREUD n’ait jamais été exploitée par lui dans la suite de son œuvre, signe de sa probité intellectuelle pour les uns, d’une excessive prudence épistémologique pour les autres.

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