Séminaire de Marc Ledoux - Elne - octobre 2014

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FREUD et DORA : une lecture par Marc LEDOUX

Marc Ledoux : Bon, je suis désolé, je ne dis pas que j’étais angoissé, ce n’est pas la question, mais Laurence avait proposé que je parle de l’hystérie, et il y a tellement de choses sur l’hystérie que moi, j’ai proposé de commenter Dora. Donc, je vais rester sur Dora, sur Freud. Je suis désolé si vous ne l’avez pas lu. Je l’ai préparé et je l’ai écrit parce que quand on travaille sur un texte, je dois me retenir pour ne pas partir… oups !

Public : ah non ! Pas de lecture ! Laisse toi aller !

Marc : ah, non ! Laisse moi ! J’ai préparé ! Et Michel m’a dit qu’il aimait entendre l’allemand. Donc, je me suis permis de penser que vous alliez vous acheter les œuvres de Freud en allemand. Et je vais donc faire le texte allemand et en même temps l’édition française Cinq psychanalyses  traduit par Marie Bonaparte.

Est-ce que vous êtes d’accord avec ça ? De toutes façons, vous n’avez pas le choix. (rires). Si vous voulez la lecture freudienne ou lacanienne ou je ne sais pas quoi sur l’hystérie, qu’est ce que c’est une femme, qu’est ce que c’est un homme, qu’est ce que c’est l’amour, et tout ça et tout ça dans la question sur l’hystérie, c’est certain, et bien vous pouvez prendre ce truc, c’est bien, c’est dans Figures de la psychanalyse chez Eres, sur l’hystérie… ils sont tous là-dedans. Gérard Pommier, Alain Vannier, Jacques Sédat et tout ça, L’hystérie et la question du pèreL l’hystérie dans l’air du temps, Folie et hystérie virile, La jouissance négativement phallique, L’hystérie masculine, Ma fille est hystérique, voilà pour les psychanalystes purs et durs, vous prenez ce bouquin là, chez Erès.

Sylvie Arbiol-Pous : Fais-nous du Ledoux !

ML : Voilà, je prends donc Dora. Ça m’a fait du bien de retravailler Dora, de redécouvrir le génie de Freud. Purement lui. Dans sa manière de penser, dans l’évolution de sa pensée, son écriture, etc etc… Bon, ça m’a fait plaisir. Alors, en allemand, ça s’appelle Bruchstück einer Hysterieanalyse, et bruchstück ça veut dire fragment. Il l’a écrit en 1901, il n’a pas osé le publier tout de suite et il dira pourquoi, il a attendu trois ans et demi, jusqu’en 1905. Donc, je vais suivre le texte et donner des commentaires.

Donc, la préface. Il insiste sur le thème du secret, Geheimnis, relayé par le mot intimitate. Il appelle ça intimité de la vie psychosexuelle. Dans un cas d’hystérie, il y a toujours quelque chose d’énigmatique, de secret que l’analyse doit mettre au jour et le thème de secret se prolonge dans les idées de caché, de cachotteries, de manque de franchise, dit Freud. Szondi va reprendre ça avec le hy+ et surtout le hy-. Ce secret est aussi un secret pour les malades qui savent sans savoir. Ça, c’est déjà un thème qu’on retrouve chez les post freudiens et chez les lacaniens…on n’a pas fini… Ce secret fait partie de l’essence des troubles névrotiques et Freud s’attend à ce que sa présentation et sa conception de ce cas et de l’hystérie en général vont provoquer chez les lecteurs de l’étonnement ou de la résistance. Il nous avertit… je vais parler de la vie sexuelle, ne soyez pas trop étonné. Il s’excuse d’avoir à dévoiler de telles intimités concernant la vie sexuelle de la patiente, mais –p6 ce qui m’importait était de démontrer la détermination et la structure intime du devenir malade. Donc, il y a la maladie krankheit, il y a le malade, die kranke et, ça c’est nouveau, le devenir malade, erkrankung. Donc, le prefixe er. Freud utilise un langage de tous les jours, que tout le monde parle. C’était sa force aussi. L’idée d’un processus, -er-, qui aboutit à un état morbide. Ce qui compte pour lui, ce n’est pas la maladie mais le processus qui mène à. Donc, c’est lui qui en 1901, juste après Traumdentung, fait le passage de maladie à malade, puis à l’être malade. Et on retrouve ça dans la correspondance entre Von Weizsäcker et Freud, où Von Weizsäcker félicite Freud d’avoir si tôt mis l’accent sur le mot erkrankung qui renvoie à l’idée de pathogénèse. C’est ça qui est génial chez Freud, et on le voit bien, il va essayer de quitter la maladie et la recherche d’une cause, d’une étiologie, il essaye de sortir de la cause pour la remplacer par l’idée de pathogénèse dans ce que la maladie a quelque chose d’englobant pour l’existence de la personne. Donc dans le texte de Dora, il y a un déplacement de la maladie névrotique à devenir malade névrotiquement. Il essaye de se sortir de l’idée qu’il y aurait une cause dans le cerveau, ou dans la psychologie ou la sociologie, ou de n’importe quoi. Donc, le processus et pas l’étiologie.

Ce qui l’intéresse c’est la construction intime de la maladie, ce qui est en train de prendre forme. Il dit intime. En allemand intimitate, c’est le superlatif d’interne. Donc ce qui est le plus interne possible. Freud s’insinue dans le registre qui s’étend du mystère à la mystification, thème classique, dans le devenir malade hystérique. Il dit que le mystère demeure en se donnant en pleine lumière, la mystification consiste à rendre mystérieux par le secret, par le caché, par les cachotteries. L’hystérie, dit-il, participe pleinement du mystère et de la mystification. A la fin de la préface, il dit que le chemin qu’il va essayer de suivre c’est d’aller de l’intimité qui fait l’objet des cachotteries à la structure interne mystérieuse du devenir hystérique. C’est ça qu’il veut faire. Et il rajoute dans le dernier paragraphe de la préface une seule histoire de malade ne peut apprendre à connaître ni tous les types de devenir malade, ni toutes les mises en forme de névroses, ni toutes les espèces de cohésion qui existent dans l’hystérie entre le somatique et le psychique. Donc il dit qu’il ne peut pas faire de conclusions générales à partir d’un cas. Et il utilise le mot, et c’est superbe, gestaltung. Les mises en forme, le thème si cher à Von Weizsäcker, si cher à Maldiney, si cher à Oury… on ne parle pas de gestalt mais de gestaltung ! La mise en forme. Le processus de formation. Freud ne cherche pas la cause, mais le mouvement de causation… c’est bon ça en français?

Laurence : causalité ?

Marc : non ! Justement ! Ah ben voilà ! C’est typiquement français. Subsantiver un mouvement. Et vous pouvez parler pendant vingt millions d’années… Non ! Le mouvement de… ce qui est là comme un élément déclenchant…

Public : causatude ?

Sylvie : Et on a le droit de prendre un mot comme ça.

Marc : Mais oui !

Michel : Mais, c’est un mot français !

Marc : Merci Michel. Le mouvement de causation. La nosologie se conçoit chez Freud à partir de tous ces vocables, er, erkrankung, re, et ?… indiquant le caractère processuel. Et à la fin du dernier paragraphe de la préface, il annonce que la technique psychanalytique a fait l’expérience d’une révolution ou d’un bouleversement fondamental depuis les études sur l’hystérie qu’il avait écrites avec Breuer. Il laisse maintenant au malade l’initiative de déterminer le thème du travail journalier. Le paradoxe de la psychologie profonde, c’est qu’elle choisit de partir de la surface, telle qu’elle est…

Michel : un moment. Tu dis la psychologie profonde. Quand on voit la traduction ‘psychologie des profondeurs’, c’est absurde.

Marc : oui, ce n’est pas pareil. Psychologie profonde. Donc Freud note ce paradoxe. On parle de psychologie profonde et on part de la surface. La nouvelle technique des associations libres est dit-il la seule qui puisse pénétrer dans la très fine structure de la névrose. Elle laisse les matériaux survenir dans un désordre dont il conviendra de reconstruire l’ordre secret, il donne d’ailleurs un exemple extraordinaire, de tout ce désordre, et comment il va essayer de trouver une structure là-dedans. Le travail de l’écoute psychanalytique rassemble les rapports de cohésion qui relient secrètement les éléments d’un matériel présenté en ordre dispersé.

 Jusqu’à la fin, dans toute son œuvre, le terme zusammenhänge est un concept clé. Si on le traduit texto : ce qui pend, hängen, ensemble, zusammen, ce qui tient ensemble. C’est une notion extrêmement importante dans son œuvre. Et cette notion-là, je l’ai fait un peu comme ça, ce n’est pas par prétention, mais pour ne pas répéter ce qui a déjà été dit ailleurs. Donc, le thème, zusammenhänge, le rapport de cohésion est corrélatif à celui de construction aufbau. On utilise le mot structure, construction.

Le devenir malade a sa cohérence propre. Les symptômes sont solidaires les uns des autres. Il n’y a pas de symptômes plus importants que d’autres. C’est une bonne leçon pour nous ! Je trouve ça extrêmement actuel ! Donc les symptômes sont solidaires à travers des rapports de cohésion secrets que l’analyse doit dénouer. C’est d’ailleurs l’étymologie du mot analyse. Du grec, luo, lusis, dénouer, délier. Et c’est pour ça qu’il va comparer le travail d’analyse avec celui d’un archéologue. Il reconstitue et reconstruit en intégrant l’authentique et en y donnant une part essentielle du travail. L’idée de reconstruction double déjà ici l’idée d’interprétation qui est déjà fort importante à cette époque, en 1905. Quand il va publier le cas Dora, il a rajouté des trucs qui vont combiner le mot construction avec interprétation. Dans Dora, Freud cherche à jeter un pont entre sa conception actuelle, ses anciens écrits sur les psychonévroses de défense et son livre « l’interprétation des rêves ». Dora est à chaque fois à un carrefour, même au niveau de la technique analytique. Le texte de Dora s’appuie sur l’interprétation de deux rêves. Il y a un thème qui sera très important plus tard, le thème de transfert, mais dans Dora, ce n’est qu’à la fin qu’il en parle un tout petit peu, en fait il choisit de ne pas en parler. C’est pour ça que j’ai dû faire attention de ne pas mélanger avec le commentaire de Lacan. Bien sûr que Lacan a commenté de manière magistrale le cas Dora, mais d’emblée il a traité le problème du transfert de Freud sur Dora. Tandis que Freud ne peut pas encore l’articuler. Il ne peut pas ! Il le dit très bien ! C’est pour ça que le traitement fut écourté au point de demeurer un fragment, Bruchstück. C’est magnifiquement trouvé de sa part ! Il n’a pas pu continuer ! Il n’a pas pu travailler le transfert. Il savait bien qu’il y avait quelque chose là, mais il n’a pas pu. Donc, c’est pour ça qu’il appelle ça fragment et pas analyse comme dans le cas de l’homme aux loups ou l’homme aux rats. Il ne peut pas tout faire quand même… Voilà, ça c’était la préface.

Maintenant, l’état de maladie. Il dit, et j’adoooore (rires) : ne vous irritez pas de ce que les malades ne savent pas raconter concrètement leur histoire, dans la mesure où les lacunes prouvent qu’ils souffrent d’une pathologie névrotique. Alors, moi, je me suis dis, Marc, tu ne vas pas commencer à devenir maniaque et dire voilà, quand vous commencez une analyse, il faut raconter votre anamnèse, non, non… je ne vais pas faire ça. La reconstitution de l’histoire, c’est le traitement. Superbe ! Moi, j’aime bien. Cet état lacunaire des souvenirs qui se rapporte à l’histoire de la maladie est le corrélat obligé de la constitution des symptômes.

 Et après, ça m’a frappé la façon dont il fait l’anamnèse familiale. Il fait ressortir les rapports humains et sociaux entre les personnes du contexte familial. Par exemple, il ne va pas demander comment s’est passée la naissance, bon, je caricature… non, non, non ! il va simplement marquer, noter, écouter, quand Dora parle des rapports des personnes entre elle. Par exemple l’importance du père dominant. Ça, on connaît. C’est lui qui amène sa fille chez Freud. Et Freud est honnête. Il dit bien combien il est resté prisonnier de son propre rapport préliminaire au père de sa patiente. La rupture s’annonce déjà, comme l’a souligné Lacan. Freud dit qu’il y a un problème.

Laurence : peut-être qu’on peut dire pour ceux qui ne l’ont pas lu comment Freud avait rencontré le père ?

Marc : Bof… Vas y, raconte…

Laurence : le père avait vu Freud plusieurs années avant pour des troubles que personne n’arrivait à guérir et Freud diagnostiqua une syphilis et lui avait donné un traitement qui avait permis la guérison.

Marc : Oui, c’est ça. C’est tout. Et lui, le père amène ensuite sa fille.

Freud dit qu’il essaye de construire son texte de manière à ce que le lecteur puisse saisir après coup les points où ça n’a pas marché, où il était en défaut. Il laisse les lecteurs questionner son texte pour lui dire « ah ça ne marche pas ». Il dit bien qu’il était trop pris et il laisse une lacune dans sa propre construction du texte pour que le lecteur puisse voir où il était en défaut. En clinique, ça il le reprend dans le texte de 1908, il faut toujours faire attention à la manière dont les patients sont introduits ou introduisent le traitement. Dora n’était pas motivée et elle ne jugeait aucun médecin digne de la soigner, ça, cela a été souligné des millions de fois, et chez toutes les hystériques, elles vont essayer de trouver la faille, la lacune… Freud dit elle fit échouer le traitement. Par exemple, je pense à un texte de Oury, sur l’hypochondrie, où cette dimension où le médecin n’est pas digne de le soigner est présente à ciel ouvert. Dans l’hystérie comme névrose, c’est présent mais en secret. Elle ne le sait pas. Mais dans l’hypochondrie où il y a la dimension psychotique, le rapport entre le médecin et le patient est vraiment constitué là-dessus. Et ces patients vont voir dix milles thérapeutes et personne ne peut les soigner et ils vont même produire un délire des organes ! C’était un superbe texte d’Oury qu’on retrouve dans L’apport freudien

Au fil de l’anamnèse, p13 dans le texte, Freud rapporte comment Dora lui avait raconté,-et là il utilise un mot génial-, je le dis en français, comment Dora lui avait raconté avec une intention symbolisante, comment son frère commençait les maladies infectieuses de l’enfance à un niveau léger, et comme elle même le suivait avec présentation de phénomènes graves. L’expression ‘intention symbolisante’ vise, et ça va revenir souvent, vise le double sens pris par les paroles de la patiente. Pour ce qui concerne les maladies et pour bien d’autres choses sans doute, le frère commençait et elle suivait. Tout est déjà là ! Dès le début ! Quand il fait une sorte de mise au point de ses rapports personnels et sociaux. Dora trahit ici le type de ses rapports à l’homme. Il ne parle pas encore de l’identification. Et c’est superbe ! Comment il apporte les choses, il apporte ce désordre pour amener quelque chose qui a à voir avec l’identification. Mais pas encore ! Loin de là ! C’est ça que je trouve génial.

Ce rapport à l’homme, tout cela débouche sur une remarque de Freud, p14, L’histoire que je raconte ici semble, somme toute, ne pas mériter d’être publiéePetite hystérie* en français… en référence à la grande école de l’époque, Charcot. Freud ne va pas prendre les grands problèmes de l’hystérie, les grands spectacles des hystériques de Charcot, mais les cas les plus simples et les plus fréquents. C’est pour ça qu’il dit que cela ne mérite pas d’être publié. Il se demande si cela va prendre… Il était fasciné, c’est certain… il avait découvert chez Charcot que l’œil était très important, le spectacle… mais pour lui, ce n’est pas ça. Les grands problèmes sont secrets, sont intimes. Ce qui l’intéresse, ce sont les cas les plus simples, les plus fréquents. Et Schotte m’avait dit à l’époque : on peut paraphraser avec Freud et on peut le mettre dans la même lignée que Joyce quand il dit que l’écrivain doit laisser l’extraordinaire au journaliste. Le grand écrivain doit essayer d’écrire les choses les plus simples.

Donc, voilà. Puis à partir de la page 15, il va introduire une triade de notions.

La première notion est celle de trauma psychique qu’il va reprendre pour la critiquer. Il se donne au lecteur qui peut découvrir où ça n’a pas marché. -Qui le fait maintenant ?… Hein ?-est ce que le traumatisme constitue le point de rattachement de la dernière mise en forme de la maladie? Freud dénonce l’insuffisance de la théorie traumatique pour la compréhension de la névrose hystérique. L’incident avec M. K, c’est à dire la déclaration suivie d’un affront, eh bien cet incident à l’époque aurait fait office de trauma. Mais Freud dit que cela ne suffit pas. Non ! Cela ne suffit pas pour rendre compte de la formation de la maladie dans le détail. Il le dit très bien. P 17. Le trauma est inapte à éclaircir la particularité des symptômes. La notion de traumatisme pour Freud ne fournit pas une explication qui rende compte de la spécificité des symptômes considérés dans les détails. Il ne va jamais s’arrêter à examiner les détails. Cette notion de trauma a des connotations causalistes massives, « ah, ça y est, on a trouvé… c’est l’histoire avec M.K ». Il insiste pour dire que l’analyse doit cerner la moindre spécificité dans ses moindres particularités. C’est ça le travail d’analyse. Même chez Dora, et c’est superbe, Freud décrit quelque chose qu’il va reprendre à la fin du texte, et on voit d’ailleurs que Lacan est un superbe lecteur de Freud dans ce petit détail… donc Freud dit Même chez Dora, une analyse plus affinée aurait fait connaître une vegeistigung, une spiritualisation bien plus poussée des détails de la maladie. L’esprit et le mot d’esprit. Avec beaucoup d’humour. Les détails ont une structure spirituelle analogue à celle que l’on découvre par l’analyse des mots d’esprit. Pour Lacan, c’était important. Pour Lacan, les trois textes les plus importants de Freud étaient La psychopathologie de la vie quotidienne qui se lit à travers le mot d’esprit, Der witz, mot intraduisible mais qui a été traduit par Le mot d’esprit. Les blagues… le texte Der witz, ce sont des blagues… et c’est superbement relevé par Lacan.

La deuxième notion est l’interversion des affects. Verkehrung P 18. Eclaircir le mécanisme de cette interversion de l’affect reste une tâche des plus importantes et en même temps des plus difficiles de la psychologie des névroses. Conflit des affects… Verkehrung ou plutôt si on fait une traduction texto : perversion de l’affect. Retournement marqué par une certaine note péjorative.

Ce retournement de l’affect, cette perversion de l’affect se rattache à la troisième notion, griffenheit, le saisissement de la sphère sexuelle. On est saisi. Pas au sens instrumental. Saisi.

Laurence : on peut dire un mot maintenant de l’histoire concrète ?

Marc : Pour les gens qui ne l’ont pas lu ? Non ! Qu’ils se débrouillent !

Marc : au lieu d’éprouver du plaisir, il y a du dégoût et du déplaisir à l’égard du sexuel. Il dit, et je trouve ça parlant : ce mécanisme psychique de la perversion de l’affect suffit à lui seul pour parler d’hystérie. Les symptômes somatiques ne sont pas nécessaires. Ça aussi, cela a été quelque chose d’important pour Lacan quand il va essayer de trouver un mathème, quand il va mettre dans les 4 discours, le discours hystérique. C’est à dire que pour parler d’hystérie, on n’a pas besoin d’avoir des choses somatiques. C’est une structure existentielle. Pour Freud. Ce mécanisme fondamental humain de retournement de l’affect de plaisir en dégoût dans un moment de saisissement de la  sphère sexuelle suffit pour dire de quelqu’un qu’il est hystérique. Le corps se trouve cependant concerné à travers l’intervention d’un autre mécanisme psychique, celui du déplacement de la sensation qui va produire à la place de la sensation génitale, et là il va en mettre des pages, à vous de le lire… on ne va pas raconter tous les déplacements… ce sont des exercices pratiques…

Public : rires

Marc : Je m’y attendais… je me suis dit ouh là là, si il y en a qui ne l’ont pas lu… et moi, je ne vais pas raconter toute l’histoire, je vais perdre ce qui est extrêmement productif chez Freud, ce qui est nouveau chez lui, qui est le noyau de son travail et qui sera repris par Szondi… je vais perdre la forêt, les arbres… donc, cette nuit vous le lirez !

Donc, cette notion de déplacement de la sensation qui va donc produire à la place de la sensation génitale une sensation de déplaisir liée à la muqueuse supérieure du canal digestif. Et là, Dora ressent du dégoût… Et pour Freud, c’est extrêmement important !

Laurence : Monsieur K veut l’embrasser. Elle perçoit son érection et elle ressent du dégoût, là où Freud dit qu’elle devrait ressentir du plaisir.

Marc : Oui, Freud, dit normalement on devrait trouver du plaisir. C’est un retournement. C’est grâce à l’interprétation des rêves quand même, et on verra dans l’analyse des deux rêves, comment cela peut aider au niveau clinique. Pas pour le plaisir d’interpréter un rêve. Mais comment ça peut aider pour qu’une souffrance s’ouvre un peu. C’est grâce à l’interprétation des rêves que le retournement de l’affect, die affekt verkehrung et le déplacement, verschiebung, vont devenir des notions clés de la théorisation psychanalytique. Elles vont devenir. Elles ne le sont pas encore. C’est extraordinaire. Nous on va anticiper. Lacan, il n’a pas arrêté de parler de ça, mais Freud n’était pas là encore ! C’est la première fois qu’il utilise ces deux notions, ces deux processus qui sont liés à l’inconscient. Et dans Dora, il ne parle pas beaucoup de l’inconscient. C’est important de le noter. Ça va venir, bien sûr. Mais pas là ! La notion de déplacement est une notion traditionnelle de la sémiologie de l’hystérie. Il va plutôt faire appel à la tradition médicale, dans laquelle il baignait quand même, il avait fait de la neurologie, il avait fait Nancy, il avait été chez Charcot ! Les symptômes bougent, se déplacent. Cela rappelle l’étymologie du mot hystérie. L’utérus baladeur. Dans la médecine grecque, c’était ça l’hystérie. Freud est pris par toute cette tradition là, il est au carrefour, à l’aiguillage… il va utiliser ce terme-là après.

Après ces trois notions, trauma, affekt verkehrung et déplacement, il continue et il entre de plus en plus dans la vie propre de Dora. Alors, là, il va devoir être conséquent et cela va devenir compliqué pour lui. Enfin… je ne sais pas… je délire peut-être avec mon texte… Je sens, mais rien ne le dit dans son écriture, c’est moi qui dis ça, maintenant il va payer !-maintenant, les mots qui vont arriver en désordre… mais on ne peut pas raconter… on ne peut pas thématiser… allez, vas-y, parle, parle, parle ! avec la règle fondamentale des associations libres. Et bien voilà, Dora, elle parle ! et elle prend activement acte de cette suggestion de Freud. Et lui… qu’est ce que je vais faire maintenant ? Elle construit activement sa vie, et Freud, lui-même vise ce sujet en actes. Les deux se rencontrent dans les modalités du transfert et dans de vives résistances. Là, c’est la première fois qu’il en parle. Des résistances des deux côtés. Freud, par exemple, est énervé, il le dit, je suis gereizt, il est énervé par le fait que Dora revienne tout le temps sur d’autres thèmes que ceux qu’il attend. Il pense au retournement des affects, au déplacement, il essaye de la diriger. Mais non ! Paf ! elle passe à autre chose. C’est ça que je trouve superbe. C’est un texte labyrinthique. Elle passe à autre chose. Ça l’embête Freud, ça l’irrite. Pour lui, il s’attend à des histoires qui tournent autour de Monsieur K. et que l’histoire de l’érection… ça se déplace sur le nez par exemple, mais non, non ! elle passe à d’autres thèmes. Et là, je suis allé voir chez Lacan, dans ses premiers commentaires sur Dora : elle sert d’objet d’échange entre son père, Monsieur K., Madame K., son frère et d’autres qui viennent compléter la constellation. Et ce passage superbe, p26, je le lis en allemand, c’est magnifique la sonorité en allemand… lorsque Dora était exaspérée… … elle était prise par cette idée qui agissait sur elle, -à ce moment là, Freud se demande si elle n’est pas vraiment folle, un peu psychotique, elle n’a pas de maîtrise sur ce qui lui arrive-, l’idée s’imposait à elle qu’elle était livrée à Monsieur K. en rançon de la complaisance dont celui-ci faisait preuve envers sa propre femme au père de Dora. Lacan dit que Dora circule dans cette constellation de tous ces gens comme un objet de troc. Et Lacan indique comment Freud a su repérer génialement le fonctionnement des rapports où se trouvent engagées les patientes hystériques. Bien vu par Lacan quand même ! Qu’elle fonctionne comme un objet de troc. Un objet d’échange. Quelque chose que Lacan va ensuite mettre en rapport avec toute la thématique de Lévi-Strauss sur les systèmes de parenté. Un thème majeur à venir dans l’anthropologie culturelle chez Lévi-Strauss et Ortigues dans Œdipe africain. Non seulement les groupes humains s’offrent des cadeaux et des services-« l’Essai sur le don » de Marcel Mauss- c’est le classique sur le don, quel est le sens et la structure du don dans l’échange entre les gens- … donc les groupes humains s’échangent des cadeaux, des services mais aussi des femmes selon des processus réglés qui renvoie, dit Lacan, à l’interdiction de base de l’inceste. Et Szondi a pris ce passage de Freud. Le reste ne l’intéressait pas trop. Freud ne parle pas de l’inceste dans Dora, mais il en parle dans ce qu’elle est comme objet de troc réglé. Pour Szondi, l’hystérique est quelqu’un qui essaye de se débrouiller plus ou moins bien avec toute la structure fantasmatique de l’inceste. Pour Szondi, c’est fondamental. L’interdit de l’inceste : hy, hystérie. L’interdit du meurtre : e, épilepsie.

Et Freud continue. Il n’entend pas. Il continue de ramener à nouveau les rapports de Dora à Monsieur K. Il continue à faire des interventions et quand on le lit bien, qu’est ce qu’il se passe, ces résistances qui vont se construire sans qu’il le sache, il procède à des interventions qui renversent le sens de certains processus présentés par Dora elle-même. il renverse. Il retourne. Il prend l’autre côté de ce qu’elle dit. Il prend exactement l’inverse de ce qu’elle dit ! C’est très subtil. Mais avec des conséquences importantes quand même ! Il prend un exemple magnifique, p 23-24 : il va lui laisser entendre que les reproches qu’elle adresse à son père et à monsieur K. sont en fait des autoreproches. C’est quand même énorme ! quand on va lire plus tard le texte Deuil et mélancolie, il va se référer à ce texte-là, pour essayer de découvrir, quand on fait un peu d’anthropopsychiatrie, quand on est un peu szondiens, de penser les rapports entre les symptômes et dire qu’il y a de l’hystérie dans la mélancolie. Bon, d’accord. Et comment ? Quel est ce rapport ? Il n’a pas répondu parce qu’ici il se trompe. Qu’est ce qu’il dit ici quand il décrète que les reproches qu’elle fait sont des autoreproches? Quel est le principe d’une telle intervention ? Qu’est ce qu’il veut, cet homme têtu ? il distingue deux choses. D’une part qu’il y a du reproche dans l’air, et d’autre part la question de savoir qui reproche quoi à qui. Qu’est ce qu’il se passe dans ce texte ? Il s’intéresse d’abord au verbe… qui expriment l’action de reproches pour ne s’intéresser ensuite qu’aux personnes qui sont engagées dans les reproches. Donc, c’est bizarre. Même en allemand. La langue allemande, c’est une langue de mouvements, de verbes. Et là, il va utiliser le verbe, puis il s’intéresse aux personnes et  enfin il laisse tomber le mouvement pour extraire l’action des personnes. Et c’est là où il se trompe et ça mène très loin. Par exemple, dans la mélancolie, il va mettre l’accent sur la personne. C’est le sujet qui s’accuse lui-même. Mais il a besoin de toute  la thématique de l’identification pour savoir ce qui se passe là dans la mélancolie. Freud va découvrir que la personne mélancolique vise en elle-même quelqu’un d’autre. On connaît. Chez Dora, Freud s’intéresse aux reproches en tant que tels sans tenir compte vis à vis de qui ils sont destinés. Et juste après, pour la première fois, il parle de l’identification hystérique. Tout simple. Extrêmement simple. Qui copiez-vous ? Elle se plaint un jour d’un autre symptôme, elle a mal à l’estomac, et Freud veut sortir du thème du reproche et lui demande Qui copiez-vous ? Donc, c’est à partir de quelque chose qu’il n’a pas pu maitriser qu’il va découvrir un des plus grands concepts de la psychanalyse qui est l’identification. Donc, tout ce passage que j’ai essayé de vous restituer, si vous voulez le lire, je ne sais pas si on peut encore le trouver, c’est la thèse de Jean Florence, Théorie de l’identification. C’est une thèse qu’il avait fait chez Schotte. C’est superbe. Je ne sais pas si ça vous intéresse. Cela a été édité à Bruxelles à la Faculté Saint Louis qui est le même nom que l’édition. Si il y a des gens qui sont intéressés par l’identification, ça vaut la peine de l’avoir. C’est très bien construit, très didactique.

…à qui vous identifiez-vous ? demande donc Freud, presque brutalement. A qui vous identifiez-vous à travers tel ou tel symptôme, j’en ai ras le bol de cette liste de symptômes ! mais je dois continuer… chaque détail compte… à qui vous identifiez-vous ? En s’identifiant à la gouvernante,-je résume- par rapport aux enfants de Monsieur K, Dora s’inscrit dans toute une dramatique intersubjective, -c’était l’approche au début de Lacan, toute cette dialectique intersubjective-, dans laquelle les rapports interpersonnels entre elle, la gouvernante, Madame K. vont se redistribuer. Ces identifications hystériques, dit-il, sont inconscientes. Pour lui, cela veut dire à ce moment-là que les patients savent sans savoir. C’est tout ce que ça veut dire. Mais, -et là, je prends de Jean Florence, je n’ai rien inventé-, pour mieux cerner ce qui est en question dans l’identification, il pose la question de l’origine psychique des symptômes hystériques et il dit tout de suite qu’il pose mal la question. Le véritable état des choses, – et Oury, mon pauvre, quand on lisait ensemble ce texte, il y a longtemps…oui, ensemble… l’état des choses… et moi, je ne savais pas ce que cela voulait dire l’état de choses… c’est quoi l’état de choses… et Oury il m’expliquait ‘ça, c’est … chez Lacan !’. Et quand je le lis là le véritable état de choses est que tout symptôme a besoin des deux côtés, du double apport psychique et somatique qui est ressaisi dans le concept de … de… et là, alors ça me fait hurler… enfin, pas hurler, mais… on ne peut pas comprendre en français… p28… de complaisance… alors là, non ! non ! ça ne va pas du tout ! Je relis dans la traduction française : pour autant que je puisse voir, le véritable état de choses est que tout symptôme hystérique a besoin d’apport des deux côtés. Il ne peut se produire sans une certaine complaisance somatique qui se manifeste par le processus normal ou pathologique dans ou sur un organe du corps. Non ! Non ! Aaaanh !

Public : rires

Michel :  on te retrouve !

Marc : Rires. Oui. Je continue. Ce processus ne se produit qu’une fois – tandis que la faculté de répétition fait partie du caractère du symptôme hystérique- s’il n’a pas de signification psychique, de sens. Va comprendre ! qui comprend ça ? Pas moi ! entgegenkommen ! C’est mal traduit ! Au lieu d’utiliser le mot complaisance somatique, le mot convenance somatique est mieux. C’est un texte qu’on avait travaillé avec Oury, je me rappelle dans un  séminaire du mardi soir à Louvain La Neuve, on avait fait un séminaire szondi sur l’hystérie et j’avais demandé si on pouvait travailler ensemble ce passage et Schotte avait dit oui, et on avait cherché ensemble et on avait trouvé cette traduction de convenance pour entgegenkommen. C’était la belle époque, c’était superbe !! Parce que Schotte parlait parfaitement bien le français et il le sentait, moi je le parle comme un perroquet mais lui disait que complaisance a une résonnance de plaisir, mais une sorte de …de … plaisir qu’on partage avec l’autre… dans une certaine…, perverti… de… de…

Public : facilité

Marc : oui, facile, tandis que entgegenkommen est un mot qui veut simplement dire le simple mouvement d’aller à la rencontre. Tout simplement. Extraordinaire ! Venir à la rencontre. Ce mouvement, l’organique et le psychique… ce que Freud veut dire dans ce texte, c’est que la pathogenèse de l’hystérie se présente à travers le problème du corps. Comment Freud met le rapport de l’aphonie de Dora avec l’absence de l’être aimé ? Attention ! Est-ce qu’on va retomber dans une pensée médicale de cause à effet ? Attention dit Freud ! C’est facile de retomber dans ce piège médical, classique, causaliste… cause = effet ! Faut-il en conclure dit-il que dans tous les cas d’aphonie périodique, -et il ne répond pas, il a raison-, faut-il en conclure qu’il faille faire le diagnostic de l’absence momentanée d’un être aimé ? Donc, au lieu de se laisser piéger par quelque chose qui serait facile mais ne résout rien du tout et d’y trouver une certaine complaisance entre somatique et psychique… Ah, oui, ma pauvre, eh oui, c’est clair, les maux d’estomac… oui, bien sûr, et tout ça et tout ça, c’est psychique… et on trouve une certaine complaisance… NON ! Noooon ! Non ! ce n’est pas une complaisance, mais une convenance. Quelque chose qui va à la rencontre de. Et que je ne vais pas enfermer dans une pensée étiologique. Extraordinaire. Il faut récuser l’idée d’un lien étiologique direct entre un symptôme particulier et le sens inconscient. La question n’est pas de passer de l’organique au psychique mais de voir qu’il n’existe pas de rapport étiologique, qu’il n’y a pas de rapport de cause à effet direct, bien plutôt que tout symptôme hystérique ne peut se produire sans une certaine convenance somatique qui se manifeste par un processus normal ou pathologique dans ou sur organe du corps. Donc maintenant, il va faire la différence. Si un processus organique ne se produit qu’une seule fois, on n’a pas de symptôme hystérique, dans le cas de convenance, c’est à dire de rencontre entre lui et un sens psychique inconscient, s’il y a eu cette rencontre, il devient capable de répétition et à ce moment là, on a un symptôme hystérique. Donc je répète, car pour moi, c’était un passage qui n’était pas clair… et on a travaillé longtemps sur ce passage j’espère que c’est plus clair pour vous aussi maintenant.

Tout symptôme hystérique ne peut se produire sans une certaine convenance somatique, –laisse tomber la complaisance- qui se manifeste par un processus normal ou pathologique dans ou sur un organe du corps. Si un processus organique ne se produit qu’une seule fois, on n’est pas dans un processus pathologique, dans le cas de convenance, c’est à dire de rencontre entre lui et un sens psychique inconscient, il devient capable de répétition en tant que symptôme hystérique. Moi, je trouve ça très très fort quand même !

Michel : tu peux répéter la première phrase ?

Marc : Oui ! IL veut sortir du piège médical. Tout symptôme hystérique ne peut se produire sans une certaine convenance somatique qui se manifeste par un processus normal ou pathologique dans ou sur un organe du corps. Si ce processus organique ne se produit qu’une seule fois, dans le cas de convenance, c’est à dire de rencontre entre lui et un sens psychique inconscient, il devient capable de répétition et on peut parler de symptôme hystérique. Ce sens psychique qui lui est associé (entgegenkommen) peut varier dans chaque cas selon la nature des pensées réprimées qui luttent pour s’exprimer. Superbe ! C’est fort ! On est avec lui, là, on est avec Sigmund ! Il ne nous lâche pas ! Il m’émerveille ! Ce sens psychique qui lui est associé peut varier dans chaque cas ! (tousse) oh la la… on ne va pas se laisser prendre… ta toux, ma chérie, ton angine, …prends ce susucre… oh la la, ce n’est pas si simple ! mais bien sûr, il y a une rencontre, une convenance somatique… oui… et quand cette convenance somatique est capable de se répéter… vous savez, vous connaissez l’œuvre, … si vous ne connaissez pas, moi je vais déprimer, l’œuvre la plus importante dans Etudes des pathogénèses de Von Weizsäcker, c’était sur l’angine. L’angine comme scène de la vie humaine dans tous ses rapports. Et quand ça se répète, sous tous ses rapports, on est dans quelque chose de pathologique. Pas simplement d’une angine comme une lésion organique mais entgegenkommen, d’une rencontre qui parle là. Et c’est magnifique ce texte sur l’angine.

Ce sens psychique qui lui est associé peut varier dans chaque cas selon la nature des pensées réprimées qui luttent pour s’exprimer. Ainsi Freud, dans ce texte de Dora, opère un passage décisif d’une recherche des causes à celle du sens. C’est là ! ce passage là ! les symptômes deviennent les signifiants de certains signifiés sans que le rapport ne soit univoque ni transportable d’un cas à l’autre.

Michel : c’est une écriture personnelle !

Marc : oui, c’est une écriture personnelle, oui, je savais que tu allais hurler…

Sylvie : il ne hurle pas !

Marc : tu n’as pas besoin de le défendre… non, non il est très gentil… Freud essaye de le dire dans la pensée de Freud…

Michel : Chacun dit dans son monde

Marc : oui, chacun dit dans son monde. Mais par exemple, je ne peux pas dire la signifiance. On ne trouve jamais chez Freud un mot allemand qu’on peut traduire par quelque chose qui cherche à être signifié. Il y a le mot deutung, qui veut dire quelque chose qui appelle à être signifié.  Bedeutung, c’est la signification. Deutung qui appelle à être signifié et pas interprété.

Michel : Lacan traduit ça par la mantique.

Marc : La quoi ?

Michel : la mantique

Marc : jamais entendu ! ça veut dire quoi ?

Michel : le devinement.

Marc : Le devinement ? Non ! Ici ? Le symptôme devient le signifiant de certain signifié, le symptôme exprime dans un langage, c’est à dire pour Freud, de quelque chose qui s’adresse à l’autre et que je peux saisir, de quelque chose qui est en dessous… c’est ça qu’on appelle la mantique ? Non ?

Michel : La mantique

Julien : Lacan parle d’une intrigue raffinée

Marc : Oui, oui… mais c’est pris dans tout son système de penser la structure du langage avec les deux axes. Mais Freud ne parle pas comme ça. C’est pour ça que c’est difficile pour moi quand on parle de l’hystérie… Là, vous l’avez votre Lacan…

Julien : au début tu as cité une phrase de Lacan…

Marc : Hein ? non, c’est quand pour la première fois Lacan parle de Dora et qu’il va se figer sur le transfert de Freud, il va prendre Dora dans la dialectique intersubjective. C’est génial Lacan quand il dit que Freud a repéré que la femme était un objet de troc. C’est génial d’avoir pu lire ça dans le texte même de Freud.

Michel : on peut dire un mot sur la Deutung ?

Marc : Deutung, oui… on peut traduire par quelque chose qui appelle à être… signifié, lu… interprété, c’est déjà trop !

Michel : mais il me semble que cela a beaucoup à voir avec ce que j’appelle la fonction scribe.

Marc : oui, absolument. Deutung. Oui, oui… quand on discutait avec mon papa, avec Oury, quand on discutait, il disait que deutung avait à voir avec la fonction scribe. Absolument. Cet appel à. Mais ici, sur la convenance somatique, il ne parle pas de deutung, il parle de ce que le symptôme exprime, qu’il essaye de se battre pour pouvoir s’exprimer …

Michel : il y a un appel

Marc : il y a un appel de sens psychique. Mais c’est tout, il ne l’interprète pas.

Michel : oui, c’est autre chose. Ça dépend ce que l’on entend par interprétation. Si on l’entend au sens habituel du terme, c’est à dire au sens où les psychanalystes l’utilisent, évidemment ça ne va pas. La fonction scribe, c’est ce que j’appelle l’interprétation. C’est ça l’interprétation. C’est le fait de mettre quelque chose qui demande à être interprété. C’est ce que Tosquelles  appelle la connerie. C’est à dire que c’est quelque chose qui surgit à un moment donné, quelque chose qui convient, parce que cela ne convient pas dit Tosquelles, ce n’est pas convenable. Cela vient avec. Donc, à ce moment là, on est vraiment dans la fonction scribe.

Marc : Mais, toi deutung veut dire aussi quelque chose qui va m’éclairer… deutlich

Michel : Oui… traumdeutung, c’est quand même ça.

Marc : eeuuuh… traumdeutung a été traduit par Interprétation des rêves. Mais, on va en reparler… quand il va interpréter le premier rêve, il va arriver avec ce qu’il utilisait beaucoup dans l’interprétation des rêves,  des interprétations symboliques. Par exemple, la boite à bijoux veut dire… les organes génitaux féminins…tout le bastrin là…  Noon ! Freud il veut s’en aller de là ! en disant qu’il n’a jamais écrit Traumbedeutung. Interpréter ne veut pas dire pour moi éclairer… pas du tout… c’est un appel à quelque chose qui va essayer d’exprimer… et pas éclairer…

Michel : Lacan avait proposé de traduire Traumdeutung par La mantique du rêve.

Marc : La mantique ?

Michel : oui, ce mot, la mantique.

Marc : mais qu’est ce que c’est que ça ? ça me dépasse ! ça me dépasse ! Je ne connais pas le mot.

Michel : c’est l’acte de la pythie.

Marc : la quoi ? Je ne sais pas ce que c’est la pythie…

Public : mais enfin ! La pythie… La pythie de Delphes ! Enfin…

Allez on s’arrête là !

Michel : j’ai autre chose !

Marc : tu sais, dans Traumdeutung. Justement, pour nous expliquer le mot le plus simple : deut. C’est le mot qu’on retrouve dans deutch. Qui veut dire allemand. Donc il dit : je veux sortir de toute une tradition qui va du devinement, il y a des prêtres dans les temples qui vont deviner les rêves, hein ? qui vont donner un sens à un rêve. Il y a dans les rêves la clé des songes. Freud dit bien qu’il n’y a pas de clé de songes.

Michel : c’est pour ça que je disais tout à l’heure qu’il y a une langue personnelle.

Marc : oui, c’est deut.

Michel : c’est pour ça que, ce qui est très intéressant, c’est quand Freud parle de la fabrique du symptôme. Quand ça convient une fois, alors ça devient répétable. Ça, c’est très intéressant car c’est écrit exactement comme ça chez Pierce quand il parle du représentement.

Marc : répétable

Michel : oui, répétable. Le représentement, c’est quelque chose qui est répétable. Donc, on va dire que c’est la fabrique du représentement. C’est pour ça que je parle de la fonction scribe. C’est à dire que ce qui est à interpréter. Cela ne veut pas dire que cela te donne l’interprétation.

Marc : c’est ce qui appelle à…

Michel : Pierce appelle ça un interprétand avec un d.

Marc : oui, j’ai vu ça dans ton livre ! ça j’avais compris.

Michel : c’est ça la fonction scribe. C’est de fabriquer des interprétants.

Marc : Dans deutung, deut c’est l’allemand, Freud utilise la deut, la langue populaire que tout le monde parle. Il dit je sors de toutes les interprétations des rêves depuis le début de l’histoire, dans les temples, dans les oracles, dans les clés des songes, dans le texte que Lacan a beaucoup commenté le texte de S… sur les symboles des rêves, un catalogue pour déchiffrer le rêve et que le patient puisse continuer à parler.

Michel : c’est le rêve de l’esperanto

Marc : peut-être. Freud dit que son défi est que le rêve puisse être expliqué à tout le monde, qu’il puisse être inscrit dans le langage de tous les jours. Il donne l’exemple avec le deuxième rêve de Dora dans lequel elle rêve qu’elle doit sortir de la maison. Donc il va travailler avec les mots de tous les jours, entrer-sortir, et c’est comme ça que les rêves s’expliquent. Freud à un certain moment ne fait pas bien la différence entre décrire et expliquer, et il va expliquer en décrivant. Donc, c’est une autre logique. C’est une autre épistémologie. Et Von Weizsäcker dit que Freud se trompe. Mais, quand il inscrit dans le langage de tout le monde, ça prend sens. C’est ça pour lui Traumdeutung. Est-ce que ça correspond avec ta triade ?

Michel : la triade, c’est autre chose. Ce qui est remarquable, ce sont toutes tes réflexions sur donner et reprocher. J’ai beaucoup aimé ça, car c’est sur les verbes triadiques. Et on voit comment il y a toute une tendance à diadiciser les verbes triadiques. Quand par exemple on met le même sujet des deux côtés, on appelle ça en mathématiques faire dégénérer une relation. Faire dégénérer une relation triadique en relation diadique. Je reproche quelque chose à quelqu’un. Et bien, si le quelqu’un est le je, on a dégénéré la relation !

Marc : Oui, oui, c’est ça ! C’est ça. C’est ça où il est piégé Freud avec Dora ! Qu’il a repris dans deuil et mélancolie, bien sûr.

Michel : mais tu dis bien que c’était très créatif puisque cela a lancé la question de l’identification. C’est une erreur toute en finesse.

Marc : oui, c’est extraordinaire. Dégénérer sur la personne. C’est bien dit…

Michel : il y a encore autre chose. C’est sur la question de la tessère.

Marc : oui, j’ai compris, enfin c’est un peu prétentieux, mais dans Création et Schizophrénie quand Oury va commenter le séminaire sur le cas Aimé en utilisant le terme de tessère…

Michel : la tessère, c’est très intéressant parce que quand tu as abordé la question de convenance, c’est vraiment bien, parce que le terme de complaisance, je n’ai jamais trouvé ça clair…

Marc : Merci ! on te donnera une statue sur la place Vendôme !

Michel : Je fais gaffe, parce que le plug anal… rires

Marc : Non, à la place !  à la place ! rires enfin, un français qui dit que ce terme ne lui va pas !

Michel : ce qui est intéressant là-dedans, c’est qu’on voit bien que c’est toute la question de l’écriture. Par exemple, moi j’ai des difficultés à écrire et je ne peux pas me relire. Cela veut dire que cela ne me convient pas. On voit bien que le texte qui s’écrit, c’est quelque chose qui doit convenir à celui qui vient, d’une certaine façon, un appel psychique…

Public : une rencontre…

Michel : cette fameuse rencontre qui n’est possible que si cela convient.

Marc Medevielle : Oui, mais en même temps, je trouve que le terme convenance est ambigu.

Public : Oui, il y a deux sens. La convenance. C’est convenu…

Marc : si tu prends l’étymologie, con-venir, venir à la rencontre…

Public : c’est toujours mieux que la complaisance où il y a plaisir

Michel : la seule chose qui justifierait le plaisir, c’est que c’est le plus court chemin.

M.M. : en même temps, ce qui m’a frappé, enfin, je ne suis pas germanophone, mais entgegenkommen, c’est aller à la rencontre, alors que convenir c’est quand même aller dans le même sens.

Marc : mais venir à la rencontre, ça veut bien dire aller contre quelque chose… ce n’est pas quelque chose qui tombe du ciel.

M.M. : alors pourquoi ne pas dire rencontre plutôt que convenance

Michel : on devrait inventer le mot ‘encontre’

M.M. : moi je ne trouve pas trop de différence entre complaisance et convenance.

D’ailleurs convenience en anglais, ça veut dire quoi ?

Marc : que ça convient. Oui, le très bel exemple de l’écriture quand on ne peut pas se relire. Voilà. Ça vient contre. Je ne peux pas relire mon texte. Dans le train, j’ai lu un livre, c’est un belge diplomate, j’ai oublié son nom, qui a été le premier à critiquer ce qui se passait en chine. Et donc il a été exclu par les intellectuels français, etc, etc… il a été le premier à dénoncer Mao et à dire non, non, non. Il a écrit un livre juste avant sa mort de préfaces. Cet après midi, j’ai lu ce qu’il écrit sur Nabokov et il dit qu’il corrigeait tout le temps ses écrits, tout le temps. Et sa femme lui demandait de ne plus rien toucher. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Et il expliquait dans ce livre qu’il avait du tomber malade pour avoir pour effet de n’être plus capable de se relire pour ne plus se corriger. Il  dit qu’il y a beaucoup d’écrivains qui ont tué la force de leur texte en les corrigeant.

Laurence : on s’arrête là  pour ce soir?

Samedi matin :

Marc : Allez, on y va.

Après qu’il ait organisé cette rencontre entre l’organique et le psychique, ça a du le travailler très fort, en 1923, il rajoute une note p 30- il est fatigué- la convenance somatique réalise la condition la plus économique à un certain conflit psychique. La névrose est une manière de faire le ménage psychique. Haushalt.

Laurence : le bénéfice ?

Marc : non, c’est faux. C’est faux. Non, haushalt c’est le ménage.

Laurence : Le fait de devenir malade épargne tout d’abord un effort. Il est donc au point de vue économique la solution la plus commode dans un conflit psychique.

Marc : voilà. Quand on le lit en allemand il y a des passages entre des phrases qui sont importants, tandis qu’en français, comme je lis aussi très vite… par exemple il est donc au point de vue… en allemand, donc est très important pour faire le lien entre les phrases.

Georges : Tu peux reprendre sur le ménage, Marc ?

Marc : La névrose est une manière de faire le ménage psychique. C’est ça qu’il dit. Il résume. Il est fatigué. C’est la première fois qu’il va vraiment utiliser le sens de cette dimension économique dans le psychique

Gaël : économique, pas au sens où on gagne quelque chose ?

Marc : non ! dans le sens étymologique du terme où économique veut dire économos, maison. Nomos veut dire le principe régulateur qu’on a à notre disposition pour faire le ménage.

Louise : avec le moins d’effort ?

Marc : Ben, je ne sais pas comment vous faites le ménage. Ça peut demander énormément d’effort, parfois ça fait des fuites, on divorce, je ne sais pas, on ne mange plus…

Julien : et si on ne fait plus le ménage, ça veut dire qu’on est hystérique ?

Public : rires

Marc : oh, vous m’emmerdez ! là, hier soir vous étiez fatigués, déprimés et ce matin vous êtes excités.

Georges : c’est l’anagramme de manège.

Marc : ah ben voilà, hier on ne l’a pas entendu notre copain, il était déprimé et maintenant, le voilà ! Bravo ! Il est là ! Youpi ! (rires) Tu ne dois pas rougir.

Public : Mais où était Georges hier ?

Marc : Il continue un peu sur le général. P32. Il est, je pense, fatigué de son premier chapitre. Quand il remarque qu’il existe côte à côte -et cela avait frappé Michel hier soir-, dans l’histoire des reproches qui sont concentrés sur la personne quand il remarque qu’il existe côte à côte : comme les accusations de Dora sur son père se continuaient avec une fatigante monotonie et que la toux…, il en tire l’hypothèse que ce symptôme de la toux s’inscrit également dans la relation de Dora à son père. Donc il dit que deux versants somatiques sont à distinguer : l’incarnation du symptôme dans le phénomène de la toux et la monotonie répétitive et fatigante de ses reproches à son père. Ces deux versants montrent que le symptôme recèle une valeur intersubjective – qui était la thématique de  Lacan dans son premier commentaire- et que ce symptôme s’adresse à une ou plusieurs personnes. Et alors, cela amène Freud à formuler une règle qu’il va ériger en principe pour tous ces types de tableaux cliniques –p33-: un symptôme signifie la représentation c’est à dire la réalisation d’un fantasme à contenu sexuel selon une règle que j’ai toujours trouvée confirmée par mon expérience mais que je n’avais pas eu le courage d’ériger en règle générale.

Alors, pour éclairer un peu, c’est un peu à partir de la difficulté de traduire, parce qu’il utilise le mot darstellung. Représentation, on peut le traduire par deux mots : darstellung ou vorstellung. Quelle est la différence ? Ce matin, tu m’as dit de faire du théâtre. On y est ! Le mot darstellung renvoie à la représentation théâtrale incarnée avec un aspect de monstration spectaculaire. Et dans l’hystérie, le fantasme sexuel est réalisé, mis en scène dans le corps et le corps devient le théâtre. Mais représentation veut dire aussi dans le sens classique, vorstellung. C’est à dire une représentation comme un atome, un élément de la vie psychique.

Michel : wort ? Cela a à voir avec la signification mot ?

Marc : non, vor. Pas w. Mais wortstellung veut dire représentation de mots. Mais ici, il utilise darstellung. Il faut faire attention en allemand quand il utilise le mot vorstellung ou darstellung. C’est la même traduction en français, mais ça ne veut pas dire la même chose. C’est pour ça que j’insiste.

Georges : alors la traduction de vorstellung pour représentance…

Marc : ils ont trouvé des mots terribles pour traduire. Le représentant représentatif. Le drapeau est représentant d’un pays. On va mettre le drapeau et on va faire le cirque autour. Le 11 novembre… c’est pour ça que Lacan avait essayé de mettre le mot vorstellung pour parler de réminiscences en disant que l’hystérique vit avec un monument commémoratif. Et hop, on met le drapeau, pas du pays mais du phallus ou pas de phallus.

Il continue. Il est prudent Freud, moi j’aime bien. Très prudent. Avec ce fantasme à contenu sexuel mis sur la scène du corps, il met tout de suite en garde son lecteur. Il vit avec son lecteur, c’est rigolo quand même. Si le lecteur est choqué, ou qu’il éprouve de l’horreur, il convient de le traiter dans un style direct et clair. La manière de parler de ça est la manière sèche et directe. Elle est la plus éloignée de la lubricité avec laquelle ces sujets sont traités dans la ‘société’, lubricité à laquelle les femmes et les jeunes filles sont très bien habituées. Je donne aux organes et aux phénomènes leurs noms techniques et je communique ces noms dans les cas où ils sont inconnus. Et il dit en français « j’appelle un chat un chat »… et plus loin « pour faire une omelette, il faut casser des œufs ». Dans la bouche de Freud, quand même ! (rires) je trouve ça étonnant !

Public : pourquoi ? il parle bien de ménage

Marc : je ne croyais pas qu’il pouvait penser à la cuisine

Georges : C’est en français ?

Marc : oooh. Arrête de m’emmerder.

Il faut rompre la conspiration du silence, il ne faut pas de lubricité secrète et surtout, il faut vivre dans les sensations de ce qui se passe. Un travail technique analytique est un travail contactuel mais n’est pas un travail paroxysmal. On ne doit pas être dans les sentiments. On doit être dans les sensations, on doit être en contact avec ce qui se passe, il faut situer la personne dans son paysage, il faut suivre où elle en est, dans sa stature, dans sa posture, mais n’allez pas regarder dans son intérieur au niveau de ses sentiments. Non ! Pas de sentiments. C’est ça qu’il veut dire. Il ne dit pas qu’il faut être froid comme un monument où il n’y a que la main qui bouge et qui dit « donne moi tes sous ».

Donc, il poursuit et il arrive à sa formule célèbre. J’ai été frappé comment à partir d’un conseil de présence, pas de tralala, il dit il faut rompre avec le moralisme. A cette époque, dans cette bourgeoisie décadente de Vienne, on va le dimanche à la messe, les névroses dit-il, -c’est un passage extrêmement important où on voit que la psychanalyse n’est pas différente de la psychiatrie, p35-36-, les névroses ont un arrière fond fantasmatique inconscient commun avec les pervers. Ainsi, les forces motrices pulsionnelles du symptôme névrotique relèvent des motions perverses inconscientes. Les psychonévroses sont le négatif des perversions. C’est la clé ! C’est à partir de là qu’on a pu construire l’anthropopsychiatrie. Les névroses sont le négatif des perversions comme les psychoses sont le positif des psychopathies. Donc la phrase chez Freud, toute cette dialectique pour construire cette anthropopsychiatrie qui ne pense qu’à des rapports entre ! il va l’articuler pour l’hystérie. Ces forces pulsionnelles constituent le déplacement symptomatique d’une zone érogène à l’autre où on l’y repère l’importance de l’oralité. Et il appelle ce déplacement la convenance somatique. Et il va donner l’exemple clé du texte de Dora, la scène théâtrale absolue : Dora, de manière répétitive, se revoit suçant son pouce gauche et tiraillant de la main droite l’oreille de son frère. La scène de darstellung, de représentation théâtrale absolue. Une telle situation a préparé dans la sphère orale, -venez à La Borde, il y a plein de gens qui se baladent, pas seulement le matin, toute la journée, avec un sac à main, une assiette… c’est très intéressant- c’est très important pour faire le diagnostic, comment on peut être présent pour une personne. L’idée est de préparer dans la sphère orale l’émergence ultérieure des symptômes qui sont liés à cette zone. Il résume ce petit chapitre en disant qu’à l’aspect de cette convenance somatique, se rajoute un aspect intersubjectif ‘tiraillant l’oreille de son frère ‘. Et à la page 38, juste avant de faire l’analyse du premier rêve, il rajoute,- et souvent on ne fait pas attention à ce passage, exceptée Pankow qui a tiré de ce passage un exemple pour faire la distinction entre névrose hystérique et psychose hystérique. Il évoque Wernicke puis ensuite il parle d’un train de pensées surpuissantes, renforcées, survalorisées qui obsèdent Dora concernant la relation de son père avec Mme K. Pourquoi ne peut-elle pas arrêter de ?… elle veut s’en débarrasser de ces pensées…

Je vous conseille un texte d’Oury – chacun fait son deuil comme il peut- dans Psychiatrie  et psychothérapie institutionnelle : Le corps dans la phénoménologie de la sphère dépressive. Il n’est pas facile ce texte. Il date de 1972-73. A la fois c’est en pleine élaboration de Schotte qui travaille à ce moment là le contact, et Oury va mettre au niveau clinique un tas de séminaires de Lacan et il donne l’exemple de quelqu’un qui essaye de lutter contre des idées qui lui viennent et qui s’imposent à lui et qui essaye de se débarrasser de ces idées. Mais il n’y arrive pas, il n’y arrive pas… Je me sens comme mort dans mon lit. L’idée s’impose que je vais mourir comme le Christ parce que c’est l’époque des Rameaux ou de Pâques, etc… et donc Oury donne un petit peu d’Haldol et les idées disparaissent un peu, et c’est un texte magnifique pour suivre au niveau clinique à quel moment on donne un peu de médicament, à quel moment le malade peut lui même augmenter son traitement sans avoir besoin de venir en consultation. Ce qui est le plus classique, c’est que la personne arrête les médicaments. Donc c’est un texte magnifique sur quelqu’un qui est obsédé par des pensées dont il n’arrive pas à se débarrasser. C’est quelque chose de quotidien dans notre métier. Et dans l’hystérie, on a aussi ces moments-là. Ce n’est pas parce qu’on est névrotique qu’on ne peut pas être obsédé par des pensées et ce n’est pas nécessairement psychotique. Freud dit que c’est un équivalent mineur de l’idée délirante. Et il dit ça au sens de Wernicke. Dora s’emploie, et elle lutte cette petite, à s’en débarrasser mais c’est impossible. Et là, superbe ! Ce qui rend ces pensées pathologiques c’est leur prévalence envahissante et non pas leur contenu. Ces pensées la possèdent. Et là, on est sur cette frontière, cette marge est très petite entre quelque chose de délirant ou pas. Freud, il est mignon, il ne sait plus quoi faire avec ça, en 1901, si on n’a guère de prise sur elles (ces pensées qui nous obsèdent) c’est qu’elles viennent de l’inconscient. On n’a pas de prise ! c’est à dire soit qu’elles plongent directement leurs racines dans le matériel refoulé (les rapports entre son père et madame K), soit qu’une autre pensée inconsciente de sens contraire, superbe, se dissimule derrière l’idée prévalente de l’écran refoulant. Il y a peut-être les deux. Plus tard, il utilisera le terme de contre-investissement.

Michel : c’est lié au fait qu’il n’y a pas de contradiction dans l’inconscient.

Marc : oui, c’est rigolo que tu le dises, car à la fin du texte il va parler du temps.

L’hypothèse de Freud sera d’abord que Dora refoule à travers ses accusations contre son père des souhaits incestueux le visant. D’où, dit-il, -mais il est trop logique, il a quitté les petits détails, mais il va y revenir-, d’où sa connivence jalouse avec les autres femmes que sont madame K, la gouvernante, et au delà sa mère. Mais au delà de cette hypothèse, il dit qu’il n’est pas trop content avec cette construction oedipienne.  Un peu facile. Dans Dora, Lacan il a bien vu que l’oedipe, ça commence à bouger, c’est un mythe, un mythe nécessaire pour penser, pour continuer à penser pour Freud. Mais au delà de cette hypothèse, il subodore que toute l’histoire d’amour de nature hétérosexuelle et de jalousie entre femmes dissimule chez Dora des élans d’un amour homosexuel pour Mme K. Il en parle quand même. Mais pas beaucoup. Le mot… gynécophile. Cette tendance gynécophile de la patiente…

Laurence : ah, il dit inclination homosexuelle

Marc : cette tendance gynécophile de la patiente est typique de la vie d’amour inconsciente de l’hystérique qu’il va reprendre dans un texte de 1908 sur la nature bisexuelle de l’hystérie- et les reproches que la jeune fille fait à son père de ses relations avec Madame K sont le produit d’une jalousie inversée. Dora n’est pas tant troublée que Mme K lui prenne son père que par l’inverse. Et il donne un exemple, c’est la manière dont elle parle de Mme K. et ça, c’était la clé pour Lacan. Dans son deuxième texte sur Dora. Tout construire sur la thématique de l’hystérique retrouvé en long en large et en travers dans la fameuse revue dont je vous ai parlé hier : qu’est ce que c’est que le mystère de la femme ? Qu’est ce que c’est l’homme pour la femme et qu’est ce que c’est la femme pour l’homme ? Et voilà ! On est partis pour une pièce de théâtre. Freud ne se laisse pas trop emporter. Qu’on se rapporte à la manière dont Dora parle de Mme K : la blancheur ravissante de son corps de femme…

Laurence : éblouissante

Marc : hein ? Certainement ma chérie que ça t’intéresse. Le mot exact, justement  dans ce passage là ! Prend tes autres lunettes, tu as 4 paires à la maison.

Public : rires

Marc : ne vous moquez pas de vos amis ! rires

La blancheur ravissante de son corps de femme qui la fascine plus que tout. Elle n’est pas dans l’admiration mais dans la fascination et cela va l’immobiliser.

Public : ravissante ! c’est marqué dans le texte ! p 44

Marc : mais oui, ravissante ! elle a le droit de se tromper ! (rires)

Georges : avec qui ?

Marc : arrête ! Ne l’écoute pas. C’est des conneries.

Georges : ce ne sont pas des conneries…

Marc :  C’est pour avoir trop méconnu les tendances gynécophiles de Dora en prenant au contraire une place du côté des hommes avec lesquels la jeune-fille s’expliquait – ça c’est de Lacan – que Freud allait tomber de son piédestal, celui là même sur lequel il avait tenté de réinstaller ces hommes pour elle.

 C’était ça sa manière de construire. Quand il va lui laisser la possibilité de construire activement sa vie en parlant mais il y a une lutte car lui aussi, il veut montrer aussi à travers elle ses constructions. Que ça reste toujours sa place comme troc entre les hommes et les femmes.

Bon, allez, on continue. Premier rêve. P47. Je traverse le texte. Quel est son problème ?

Laurence : je lis le rêve ? C’est très court !

Marc : Non ! non ! On a dit hier soir que ceux qui ne l’avaient pas lu pouvaient le lire cette nuit.

Rires.

Laurence : 4 lignes

Louise : il n’est pas long.

Marc : Non ! non non.  Rires ! Il est extrêmement long. Ce n’est pas le contenu du rêve. Non. Tu es éblouissante mais non ! Rires. C’est notre présidente et elle veut que tout le monde soit bien, que vous n’ayez pas à penser, que vous pouvez suivre comme un fleuve tranquille. Et bien non ! rires

Georges : Tu nous feras une interrogation écrite ?

Rires

Marc : quelle est sa question ? c’est notre travail ! comment insérer une analyse d’un rêve dans le décours de la cure et livrer la clé de l’hystérie. Sinon, ce n’est pas la peine. On peut aller dans un magasin, comme on disait hier soir, pour interpréter tes rêves. Ce qui nous intéresse c’est comment Freud travaille et notamment -et ça m’avait frappé-, l’invitation à Dora. Il n’est plus dans cette opposition. Il change un peu. Il l’invite. Il l’appelle à. Est ce que mademoiselle vous pouvez faire attention aux résonnances des expressions que vous utilisez ? Superbe ! Moi je m’en fous des substantifs que vous utilisez, je m’intéresse aux tonalités. Et il prend à travers tout le texte du premier rêve, une phrase. Il peut se passer quelque chose la nuit qui fasse que je doive sortir. Et cela va résonner chez elle. Le reste, pfff. Elle raconte ce qui lui vient, mais ça ne résonne pas sauf cette phrase là. Freud relève la pluralité des sens possibles que véhicule chaque expression de Dora. Ces mots ambigus. C’est dans une note. Ces mots ambigus… ces mots ambigus sont comme des aiguillages… wechsel… pour le décours des associations- il utilise le langage de chemin de fer- cela lui permet de s’opposer… wechsel c’est le substantif en mouvement. Cela lui permet pour la première fois de s’opposer… dans ces mots d’aiguillage…

Geneviève : aiguille !

Georges : en français, il y a une expression, le chemin des aiguilles. Les filles, quand elles font leur trousseau, elles vont coudre et cela s’appelle le chemin des aiguilles.

Marc : mais lui dit que cela vient de la terminologie des chemins de fer

Georges : des chemins du faire.

Marc : ah oui, le chemin du faire. D’accord.

Georges : ce sont des jeunes filles. Des adolescentes. Le chemin des aiguilles. Elles se piquent, il y a du sang. C’est l’initiation sexuelle.

Marc : ah ben voilà, on est partis ! ce n’est pas ça qu’il veut dire.

Georges : oui, j’ai compris… mais le chemin des aiguilles

Marc : Cela lui permet en travaillant le terme d’aiguillage de s’opposer aux interprétations symboliques thématisées dans Traumdeutung et on va voir dans le deuxième rêve qu’il va les utiliser quand cela s’immobilise, quand Dora n’arrive plus à associer, à utiliser les mots comme ça. Ça n’existait pas à l’époque le Szondi pour relancer un processus. C’est vrai, tu m’avais dit encore hier que pour un patient qui était bloqué, hop, on fait un Szondi et ça relance. C’est vrai. Ça se confirme tout le temps. Et là, Freud n’avait pas encore ça. La boite. De Szondi. Qu’est ce qu’il va trouver ? Il utilisait encore un peu les interprétations symboliques, il donne l’exemple de la boite à bijoux qui représente, au sens de darstellung, les organes génitaux féminins. Et quand les associations manquent, quand ça ne vient plus, quand elle ne parle plus, on peut toujours se référer aux mêmes thèmes, la différence des sexes, le rapport entre les générations, le rapport au corps en tant qu’il est vecteur de la naissance, de la vie et de la mort, donc il y a une liste et il va suggérer ça et hop, ça la redémarre. Il commence à se méfier de l’interprétation symbolique des rêves. Il commence à se méfier de cette tactique, de cette séduction. Au départ il était un peu intrépide à les proposer, puis elles lui apparurent arbitraires et elles lui rappellent la clé des songes, ce catalogue de sens symboliques à octroyer aux images oniriques. Donc, Freud ne fait plus appel au symbolique pour interpréter mais aux associations.

On peut offrir et recevoir, on peut échanger, on peut prêter. Par le biais des noms d’actions. Ce n’est plus un symbole, c’est une reprise. C’est bien trouvé quand même. C’est à dire quelque chose autour de quoi on fait plusieurs choses. Le véritable mot aiguillage ou aiguilles, je ne sais pas…

Michel : les aiguilles et la reprise ça va très bien ensemble.

Marc : AAAAh ! Oui !!! est ce qu’on peut dire « les mots aiguillent ? »

Georges : Mais évidemment qu’on peut le dire ! bien sûr qu’ils aiguillent les mots ! Enfin….il est temps !  on aurait déjà fini…

Rires

Marc : ces mots qui aiguillent, qui font le pont entre diverses situations, sont les verbes et pas les substantifs. Ce qui est essentiel dans une phrase est ce qui est dit et qui s’exprime dans le verbe, plutôt que ce dont on parle. C’est pourquoi il invite Dora à être attentive aux résonnances de ce qui se dit. Cette idée là va trouver un prolongement dans la psychanalyse existentielle et dans la dasein analyse de Binswanger, concept de directions de sens dans la paire de contraste de mots : pour le contact, le contraste entre la levée du jour et la tombée de la nuit, aussi dans la montée/la chute, gauche/droite, l’étendue,/le rétrécissement, etc… toutes ces paires de contraste qu’il va utiliser pour analyser un rêve. Donc ce texte célèbre de Binswanger Traum und existenz, le rêve et l’existence, où pour la première fois il va approcher les rêves par les verbes qui vont se trouver en opposition de contrastes. Moi, j’aime beaucoup ça. Chez Freud, les paires contrastées comportent ce mot des aiguilles…Rires

Il invite à écouter attentivement les résonnances, les mots et les interprétations avec ce qu’il a invité à associer pour se débarrasser petit à petit tout ce qu’il avait fait sur l’interprétation symbolique.

Deuxièmement, le rêve est un souhait, un wunsch, pas un désir, un souhait représenté, c’est à dire dramatiquement mis en scène. Mais il y a plus et ça c’est une idée qu’il rajoute. Il est en plein boulot. Comme tu disais hier soir, quel génie ce type, et en plus rigoureux, tout le temps au travail comme ça, oui, c’est vrai. Il y a plus, ce souhait plonge ses racines dans l’inconscient –c’est là où il utilise le mot- car les seuls restes diurnes ne sauraient fournir les forces nécessaires au travail du rêve. Le sens du rêve n’est pas cognitif, n’est pas mental. Le sens du rêve se retrouve dans des vœux inconscients dramatiquement représentés. Il donne un exemple : le projet, la crainte, le souhait de Dora de s’en aller, je vous rappelle la phrase  il peut qu’il se passe quelque chose la nuit qui fait que je doive sortir, le projet, la crainte, le souhait de s’en aller pour échapper aux avances de M. K sont des restes de matériel diurne préconscients. Freud dit qu’ils ne possèdent pas la force. Le projet, la crainte, le souhait sont des choses raisonnées, pour se faire comprendre, pour faire comprendre à l’analyste, tout ce qui est raisonnable dans le fil des associations mais ne sont pas suffisantes pour produire du rêve. Il faut en même temps une participation d’un souhait inconscient qui plonge ses racines dans la vie sexuelle infantile. Cette double genèse du rêve constitue les forces du Traumdeutung. Derrière le projet de fuir les avances de M.K se cache le souhait inconscient de se rapprocher du papa pour l’appeler à l’aide. « Aide moi à fuir de M.K. » en arrive ainsi à pointer cet arrière fond oedipien, mais il tombe lui-même dans la galerie des figures masculines avec lesquelles Dora rivalise. C’est un peu le noyau de ce premier rêve. D’autres thèmes filent vite : à travers le symptômes présentés, il suit la trame des identifications de Dora aux uns et aux autres. Puis il relève dans son histoire une phase d’énurésie, si fréquente dans les névroses. Cette énurésie a un sens sexuel recouvrant la sexualité infantile, la sexualité masturbatoire. Il fait le lien entre le symptôme d’énurésie et la masturbation. Après, et ça c’est très beau, il part comme un détective – là il est écrivain- à la recherche de preuves, par indices – c’est le mot qu’il utilise- pour arracher un secret. Ce avec quoi il avait commencé dans la préface. Puis il y a un passage célèbre p57 –on demande à tous les parano et tous les sensibles un peu paranoïdes de quitter la pièce, c’est rigolo, comme je suis un peu parano, je me suis dit qu’il ne fallait pas que je lise cette phrase, parce que tout ce que j’ai voulu cacher tout petit, ça va se découvrir…- il dit, c’est superbe, Qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, va se persuader que les mortels ne peuvent cacher aucun secret. La trahison les presse par tous les pores. (rires) Et cette allure de détective, cette psychologie de démasquage accomplit la tâche de révéler l’inconscient par l’analyse de la sexualité infantile nécessaire pour le travail du rêve. Et dans le contexte de cette phrase qu’aucun mortel ne peut cacher aucun secret, que tôt ou tard, ça se démasque, Freud réinsiste sur la valeur expressive des symptômes hystériques. Ça, Szondi a beaucoup aimé. Freud va reprendre ce passage dans un texte de 1909 sur l’attaque hystérique. Considérations générales sur l’attaque hystérique. Ces symptômes représentent des morceaux expressifs d’acte de coït qui font référence à la scène primitive qu’évoquent ces propos : il peut se passer la nuit quelque chose qui fasse que je doive sortir. C’est ça quand il l’invite à être attentive aux résonnances des expressions qu’elle utilise. Et si elle est attentive, si elle a cette capacité de participation, du p-, – car si Szondi dit que pour faire une analyse il faut du p+- mais si il y a du p+, ça veut dire qu’en arrière fond il y a du p-, qui veut dire que je participe à, si je ne participe pas, ce n’est pas la peine, si je n’ai pas la capacité à être attentive à ces expressions qui peuvent mener jusqu’à cette phrase où il va trouver pour la première fois un des fantasmes originaires, la scène primitive.

Après, il reprend, et là, je vais hurler. Je ne vais pas le faire, mais j’ai envie. Et je vous remercie d’avoir pu retravailler Dora. Je vais hurler. Il reprend, -p60-,  Je devrais d’ailleurs commencer par sérier –première grande erreur de traduction– les questions. Au lieu de me prononcer par oui ou par non quand il s’agit de savoir si l’étiologie de ce cas doit être recherchée dans la masturbation infantile, il me faudrait tout d’abord discuter la conception de l’étiologie dans les psychonévroses. En répondant, je me placerais à un point de vue tout différent de cela de la question, ce qui serait peu satisfaisant.

C’est un crime d’avoir traduit comme ça. Quand on reprend le texte allemand. Au tout début, c’est traduit par je devrais sérier les questions, alors qu’en fait on devrait lire je devrais rectifier la position de la question.  C’est ça la traduction correcte. C’est dégueulasse pour Freud d’avoir traduit ça ainsi. Oury disait souvent le mal qu’on a fait à la psychanalyse par les mauvaises traductions. Il y a dans la traduction ensuite à la fin du passage : ce qui serait peu satisfaisant. Mais pas du tout ! ce n’est pas dans le texte ! On lui fait dire ça à propos de sa rectification. En lui faisant dire un jugement dépressif sur sa propre reflexivité ! et on met ce jugement sous sa plume. Mais c’est très grave de faire ça. D’où ça vient ? Ce n’est pas sérieux vis à vis de Sigmund quand même !

Michel : tu peux nous relire les deux phrases, la traduction de Marie Bonaparte et la tienne ?

Marc :

Je devrais d’ailleurs commencer par sérier les questions. Au lieu de me prononcer par oui ou par non quand il s’agit de savoir si l’étiologie de ce cas doit être recherchée dans la masturbation infantile, il me faudrait tout d’abord discuter la conception de l’étiologie dans les psychonévroses. En répondant, je me placerais à un point de vue tout différent de celui de la question, ce qui serait peu satisfaisant. 

Je devrais rectifier la position de la question. Au lieu de me prononcer par oui ou par non quand il s’agit de savoir si l’étiologie de ce cas doit être recherchée dans la masturbation infantile, il me faudrait tout d’abord discuter la conception de l’étiologie dans les psychonévroses. En répondant, je me placerais à un point de vue tout différent de celui de la question.  Et il n’y a rien de plus. Rien !écrire ce qui serait peu satisfaisant est une incise inexistante dans le texte de Freud.

Ce à quoi Freud aspire, c’est un changement de point de vue, c’est à dire abandonner l’idée médicale de cause. Mais il rajoute quelque chose ici, et il a reconnu dans Civilisation de la culture que si on se met à la recherche de cause, il donne raison à Nietzsche, ça donne une véritable théorie de la névrose, c’est à dire une culpabilisation. On recherche le coupable.  Quand on parle des causes, on recherche des coupables, sous forme d’enquêtes accusatrices.

Georges : des responsables ?

Marc : des responsables même ! les parents, moi-même, etc… Nietzche dit que c’est ça la théorie des névroses, chercher le coupable. Freud transforme la façon de poser la question. Ce n’est plus l’étiologie mais la pathogenèse. Par exemple, autour de la masturbation. Ce n’est pas la cause ! il ne dit pas ça. On peut le lire facilement comme ça. C’est pour ça qu’il faut travailler les textes. Mais la masturbation joue peut-être un rôle dans le devenir malade dans la névrose, dans la mise en forme, dans la gestaltung. Les symptômes sont solidaires les uns des autres. Mais, là on a l’impression, aah, la masturbation est importante, aaah, est ce qu’il y a eu de la masturbation… ah oui, quand il était petit, il n’arrêtait pas de se masturber… et bien voilà, c’est ça…. On peut encore parfois raisonner comme ça… qui ne le fait pas ? Il ne faut pas lever le doigt. Bien plus important est la théorie de la séduction à cette époque qui ne peut pas s’inscrire dans une logique étiologique. Pas comme cause. La séduction continue à jouer un rôle mais elle change de statut. Il pose la question autrement. Il rectifie, et non pas sérier la question. La séduction va trouver une place dans les fantasmes originaires. C’est en se risquant lui-même qu’il a fait ce passage de la séduction réalisée à la séduction fantasmatique. Ce dont Freud s’était aperçu pour abandonner sa théorie de la séduction comme facteur étiologique des névroses, c’est que les hystériques ne lui avaient pas seulement raconté des histoires, mais qu’elles l’avaient également séduit avec ces histoires. C’est superbe. La séduction se joue là. Et lui, le pauvre bonhomme, il va se défendre contre ce qui vient là et c’est plus tard qu’il va utiliser la notion de fantasme originaire pour essayer de manier plus ou moins bien le transfert. Notamment en psychothérapie et en psychanalyse, la séduction joue nécessairement toujours.

Deuxième rêve. Donc, on avait dit hier soir que Freud avait invité Dora avec les mots, alors elle s’active. Elle s’active tellement que dans le deuxième rêve, c’est le style de mitrailler Freud avec des questions. Elle pose des questions et se pose des questions.  C’est quelque chose qui est inhérent au processus de la cure. Freud est génial. Il s’y arrête. Qu’est ce que c’est que ce changement dans le discours ? Il s’arrête à l’action même de poser des questions. Cette action, ce drame en grec, se condense dans le rêve. Un homme offre à Dora de l’accompagner. Elle refuse et préfère suivre son chemin seule. Le thème des questions, sur deux ou trois pages, aboutit aux identifications hystériques en repérant comment Dora dans le rêve, reprend le comportement d’un de ses amis auquel elle s’apparente à travers une identification. On appelle ça l’identification virile chez l’hystérique. Le but électif de cette identification est la rencontre de la femme. Et Lacan prend ce passage pour déboucher son commentaire sur la question de savoir ce que signifie pour Dora être un homme ou une femme. Freud dit simplement que le jeune homme est le pôle identificatoire qui détermine cette prise de position de Dora, position à partir de laquelle Dora poursuit des buts plus ou moins occultes pour elle même. Qu’est ce qu’elle va chercher par là ? Se mettre dans la position d’un homme en étant une femme ? Ainsi, pour la première fois dans l’histoire de la psychanalyse, c’est Jean Florence qui le dit, il lie un concept fondamental de la psychanalyse à la clinique. Tout simple, l’identification. Vraiment tout simple. Vous copiez qui ? Pour sortir, comme le disait Michel hier soir, cette dégénérescence de la personne, pour sortir de là, et ici, quand une personne parle d’une autre, elle parle d’elle même à travers l’autre. C’est tout bête. Ils ont tellement compliqué ce concept qu’on a oublié la base très simple. Quand on parle de quelqu’un d’autre, on parle de soi-même. Donc vous pouvez rayer ce mot difficile, identification. C’est pour ça qu’il dit que ce qui compte c’est ce qui s’exprime au lieu de ce dont on parle. Parce que sinon, on ne peut pas avancer. Mais, c’est dans notre connerie d’exister qu’on parle de l’autre.

Après, deuxième grand chapitre dans le deuxième rêve, l’analyse de trois fantasmes  ou fantaisies. C’est encore un problème de traduction. La vengeance, la défloration et l’accouchement. Ces trois. P 73. En allemand, on a le mot phantasie. En français on a la traduction fantaisie ou fantasme. Quelle est la différence ? C’est énorme. Dans fantaisie, on accentue le caractère subjectif et processif du phénomène. Et dans fantasme, on accentue beaucoup plus l’aspect de produit du phénomène, ce que ça produit, le résultat, l’aspect de l’objet a dit Lacan. On trouve ça aussi dans l’étymologie. Dans la construction d’un mot. Par exemple, moi j’aime bien, on trouve ça dans la langue grecque, quand il y a une terminaison en grec sis ou ma. Par exemple, poesis, en sis et poèma en ma. La poésie, on met l’accent sur le caractère subjectif et processif tandis que poema sur le produit. La poésie produit un poème. Et bien, cette distinction en grec du sis et du ma se retrouve en allemand entre fantaisie et fantasme. Donc pour Freud, quand il parle de fantaisie, par exemple quand il va commenter les contes fantastiques, comme Edgard Poe, ou Hauffmann, on est dans la fantaisie, mais par contre on est dans le fantasme quand on est dans le fantasme de vengeance contre le père, en rêvant qu’il est mort, elle le tue. Et Freud, dit aah, ça rejoint la logique causaliste, que quelqu’un de mort a été tué. Ce qu’on observe chez les enfants… génial… 4-5 ans… un animal… ouais… il est mort ! De froid ? mais si personne ne l’a sauvé, c’est qu’on l’a tué quand même… donc ça commence à bouger, mais est ce qu’il est mort parce qu’on l’a tué ou est ce qu’on peut mourir comme ça ? et Freud qui n’est pas trop fort avec les petits, avec le petit Hans, hop, il l’a foutu avec le phallus, mais bon, c’était exagéré quand même, et donc on a du attendre des gens qui aimaient bien les petits et qu’on peut mourir pour le plaisir de mourir quand même. Et comme ça, vous allez un peu vous occuper de moi… le grand-père il peut mourir quand même… ça suffit de ce grand-père complètement nul… allez, qu’il meure…

Donc, ce fantasme de vengeance. Et puis, juste après, il parle de zaruht, la passion de vengeance, la maniacalité de la vengeance, ne pas pouvoir arrêter d’être pris par la vengeance, cette passion de vengeance, ce qu’il appelle la maladie de vengeance. C’est juste après. Quelques lignes après. Entre le fantasme et la passion de vengeance. Appétit à se venger. Tout court, digne d’une maladie, d’une passion. Et Szondi avait pris cette phrase. il avait bien lu Freud quand même, à sa manière. Cette maladie de vengeance, c’est plutôt une action, c’est quelque chose que je ne peux pas arrêter de faire, sur n’importe qui ou quoi. C’est un radical pulsionnel de l’être humain. Cette maniacalité. Qui peut se traduire dans le toxique, dans la vengeance, dans n’importe quoi. Et voilà. Et Freud, honnête comme il est, il pointe là son propre ressentiment vengeur. En deçà de son envie à lui d’interrompre l’analyse, il va définir comme un ingrédient important dans toute hystérie, cette tendance passionnelle de vengeance. C’est Szondi qui va le mettre à l’extrême comme un radical pulsionnel. Comme quelque chose en chacun de nous. Et que cela a joué pour lui aussi. Ah, vous n’allez pas me suivre. Et bien, vous n’avez qu’à partir. En accord mutuel, on s’arrête là. Ce ressentiment vengeur.

Le deuxième fantasme, c’est le fantasme de défloration. On arrive à nouveau dans une géographie sexuelle symbolique. P74. Tous ces trucs, la gare, le cimetière, en faisant intervenir les nymphes au fond d’une forêt épaisse, aucun doute n’était plus permis. C’était là de la géographie sexuelle symbolique. Ça veut dire quoi ? si Freud arrive à voir dans la gare, le cimetière, un vestibule et tous ces mots des symboles d’organes génitaux, c’est via l’analyse d’un contexte linguistique de jeux de mots qui sert de support à l’interprétation symbolique, il retombe un peu là dans l’interprétation symbolique, dans le fantasme de défloration. Ce dernier vient en écho sur son interrogation de sa propre féminité, cette scène de la contemplation de la madone. Qu’il va reprendre plusieurs fois dans son texte.

Michel : en allemand, qu’est ce que ça donne ?

Marc : madona, madona. C’est le même mot qu’en flamand. Madona.

Michel : est ce qu’li peut se décomposer ce mot en allemand ?

Georges : en unités signifiantes

Marc : je réfléchis… madona… maradona, oui. rires. Je ne sais pas. C’est une jeune maman. C’est une maman, si vous êtes allés à Bruges, si vous n’y êtes pas allés, on peut y aller tous ensemble en bus, la madone à l’enfant de Michel-Ange… c’est magnifique. Il faut voir ça une fois dans ta vie.

Michel : d’où vient le mot ?

Marc : tu as regardé dans ton dictionnaire célèbre ?

Brouhaha

Marc  c’est une jeune femme, une conception avec un homme, non…

Michel : dona c’est la femme.

Marc : madona, c’est la dame. Freud ne s’arrête pas à ça.

Michel : dans la langue de l’amour courtois, c’est la dame.

Georges : ah, c’est là où tu veux en venir, c’est l’amour homosexuel. Allez, finis Marc

Marc : attend, attend… quand elle arrive dans cette ville. Devant la madone Sixtine, elle demeura deux heures en admiration, recueillie et rêveuse. Quand je lui demandai ce que lui avait tant plu dans ce tableau, elle répondit d’une façon confuse. Enfin elle dit : « la Madone. » Il est certain que ces associations appartiennent bien au matériel constituant le rêve. Elles contiennent des éléments que nous retrouvons sans modifications dans le contenu du rêve. (Dora refusa et alla toute seule- deux heures) Je remarque déjà que les « images » correspondent à un point de fonction dans la trame des idées du rêve (les images de l’album- les tableaux à Dresde). J’aimerais aussi faire ressortir le thème de la Madone, de la mère-vierge.

Michel : La Madone, c’était l’être aimé dans l’amour courtois.

Julien : Madona chante « Like a virgin »

Georges : ce sera le mot de la fin.

Louise : faim

Marc : Non, non, non. Encore un quart d’heure. Il faut qu’on soit correct. Pour tous ceux qui sont venus et qui ne sont pas allés au théâtre.

Dans l’analyse de ce second rêve, il démontre ces processus de condensation et d’identification. Il va reprendre cette triade à travers l’analyse du rêve. P78 en note. C’est une longue note. C’est ce passage là qui a été très important pour Lacan. Rappelons le rapprochement que Lacan fait entre le travail du rêve, déplacement et condensation, et les deux grands axes du langage introduit par Jacobson dans la linguistique avec les concepts de la rhétorique antique de métaphore et de métonymie.

Simplement. Un exemple. Boire une tasse. Cette expression est métonymique dans le sens de « une tasse de café » ou alors métaphorique quand on est dans la piscine en train de s’étrangler en avalant de l’eau. -Bon, on est un peu comme à l’école, c’est un peu didactique, c’est nul, mais après vous affinez les choses le lundi chez Michel… comme hier soir, ça m’a beaucoup plus hier soir- Si le travail de métonymie, c’est d’utiliser un autre mot, par exemple tasse, pour dire la même chose, le café, prenant la partie pour le tout, boire une tasse, par la métaphore, qui veut dire métaphore-transporter, le locuteur transporte un mot qui demeure le même, -et toute la question c’est qu’est ce que c’est le même-, d’un domaine à un autre de telle sorte que ce même mot en vienne à dire toute autre chose. Et alors Freud se demande ce que ça veut dire pour le travail du rêve. Car lui, il n’est pas du tout linguiste. Pas du tout. Et pour lui, il n’est pas du tout sûr que la structure du langage va  permettre de découvrir l’inconscient. Non, mais il fait quand même quelque chose d’énorme. Au fil des associations, Dora parle, l’analysant commence par métonomiser en produisant des chaines associatives, une partie pour le tout, mais celles-ci le font repasser par le même point. Point de capiton plus tard. Par un même mot qui ainsi revient et par là peut dire autre chose, de telle sorte que des points de métaphorisation, transportés dans un autre contexte, apparaissent dans le tissu métonymique, la partie pour le tout. Donc, la chaine métonymique se forme dans une série de manière pour dire la même chose. Le point de métaphorisation, de condensation fait qu’un seul et même mot en arrive à dire plusieurs choses. Et bien, dès qu’il y a discours, dit-il, dès qu’on est dans cet art de parler, ces deux processus constitutifs de tout langage, condenser et déplacer, se mettent à interférer, à aiguiller…

Michel : oui, ça marche très bien l’aiguillage. On est toujours sur le même rail, et arrivés à un aiguillage…

Marc : Ouais ! Une lutte fratricide. OOOOui !(Rires). Les hommes disent les mêmes choses à l’aide de différents mots et à l’aide de ces mots ils réussissent aussi à dire des choses nouvelles. Comment on peut dire ça ? Qu’est ce qui nous permet de dire des choses aussi bêtes ? parce qu’il y a des gens qui sont touchés, très forts, et là, on a le principe de l’anthropopsychiatrie à travers la méthode de la patho-analyse qu’on peut, à travers les gens qui souffrent dans cette zone là, qu’on peut diriger les choses en principe existentiel. Bête. Les hommes disent les mêmes choses à l’aide de différents mots et à l’aide de ces mots, les mêmes, ont réussi aussi à dire des choses nouvelles. Parce qu’il y a une pathologie de cela. Et c’était un des premiers textes de Freud que Roland Kuhn a traduit et sur lequel on a beaucoup travaillé. Les deux grands types d’aphasie : le malade ne parvient plus à dire à travers trop de mots. Et le deuxième type, le malade essaye de tout dire à l’aide d’un seul mot.

A la fin du texte, c’est sur le temps je le fais un tout petit peu et après, je te jure, j’arrête. P 76. La question des temps. J’aime beaucoup ce passage. Si cet après midi, vous pouviez le mettre en scène et ce soir on ferait un spectacle sur le temps… rires… il développe trois genres de temps. Le temps cosmologique, le temps de la nature mais dans le sens du cosmos qui a été jusqu’à Freud, réfléchi dans les labos des physiciens et qui a été inscrit dans la biologie, dans le sens classique du terme, par Fliess, qu’il va appeler les temps périodiques, et cela a été très fort pour Freud, Fliess l’a inspiré longtemps et il l’a transformé à regret, quand même. Il y a le temps individuel, la manière dont chaque individu vit personnellement le temps, et il y a l’intemporalité constitutive qui ne s’inscrit ni dans le temps individuel, ni dans le temps cosmologique, et qui est le temps de l’inconscient. Et c’est la première fois qu’il le dit. Je trouve ça très beau comment il se débrouille ici et comment il essaie de se mettre à la marge de Fliess. Le temps n’est indifférent à rien à certains fonctionnements biologiques. On va certainement trouver dans le fonctionnement organique le temps cosmologique. Le temps cyclique de l’homme et de la femme. Le temps des 28 jours, de 21 jours, le temps périodique des divers intervalles de temps dans les champs de la biologie.

Le temps individuel, cette propriété de l’être existentiel qui va introduire un autre temps que le temps global, cosmique et que l’on va retrouver dans la distinction de tous les jours… surtout dans une cure… r vous à 11h. Il arrive à 11h moins quart…. Trop tôt ! (rires)  Ou alors, trop tard… Von Weizsäcker va reprendre ça. La différence entre le temps cosmique et le temps individuel, c’est le trop tôt, trop tard. Dans Dora, qu’est ce qu’il fait ? Freud ne reprend pas les idées périodiques de Fliess, il découvre avec l’art de l’interprétation le temps de l’intervalle. L’intervalle de temps. P 76. J’aime bien ce passage. … vous n’avez que le lire… ce qui avait mené Dora à son appendicite jusqu’à la scène du lac. Réponse : 9 mois. Ce qui permet à Freud d’inférer le fantasme de l’accouchement. Il arrive à ce troisième fantasme par l’intermédiaire du temps. L’accouchement. Du coup, la prétendue appendicite se rattache à la signification inconsciente d’un accouchement. Et la gêne éprouvée lors de la marche, elle traine la jambe, à celle d’un faux-pas commis. Un faux-pas sexuel fantasmé à partir de son rapport à M.K. Cette scène là. Très bien écrit. Je trouve que c’est un des passages les mieux écrits. La séquelle qui consistait à trainer la jambe, séquelle s’accordant si peu avec une pérityphlite, devait plutôt se rapporter à la signification secrète, probablement sexuelle, du tableau clinique et pouvait, par conséquent, si l’on réussissait à en éclaircir l’origine, projeter de la lumière sur la signification recherchée. Etc… il se trouve donc conforté dans l’idée que les symptômes hystériques ont toujours une valeur sexuelle. A chaque fois que j’ai construit quelque chose, j’arrive là-dessus. Et il conclut p77 : qu’on ne peut prendre de pareils symptômes que lorsqu’on en possède un modèle infantile. Amen

Dans l’épilogue, il y a Freud, pas comme neurologue, mais qui dit qu’il faut tenir compte des phénomènes biologiques, tu peux faire une psychothérapie avec quelqu’un qui a un trauma neurologique, mais il faut en tenir compte.

Deuxièmement, il dit que le psychanalyste doit être psychopathologiste. Il reprend avec force que la sexualité est la force motrice de chaque symptôme. Et troisièmement, il annonce que le travail qu’il doit faire avec toutes ses oppositions avec Dora a à voir avec ce qu’il appelle le transfert. Amen. Stop.