Jean Mélon

Abus sexuel, sadisme et masochisme. (2001)

 Jean Mélon

 Freud a d’abord pensé que le masochisme résultait du retournement du sadisme contre le moi. L’exemple bien connu de l’enfant qui cherche la fessée va dans ce sens. Il en va de même dans les cas comparables à celui décrit dans « Un enfant est battu » (1919). Dans ces cas, remarquons le, le moment masochiste est moins pervers que névrotique – moins « érogène » ou « féminin » que « moral » – puisque l’enfant ne cherche pas tant la douleur que la punition. Au-delà de 1920, après avoir introduit Thanatos et la désintrication des pulsions, conséquence de l’émergence du moi , Freud conçoit le masochisme comme primaire et le sadisme comme secondaire. La relation du sadique à sa victime a un caractère spéculaire : c’est son double masochiste que le sadique agresse. L’entité sado-masochique est par là constituée. Mais c’est une entité théorique.

La pathologie perverse qui nous est connue bien moins par la clinique quotidienne que par la chronique des faits divers , la littérature et le cinéma, nous enseigne que le sadique ne saurait trouver sa jouissance dans la rencontre d’un masochiste. Ca le dégoûterait plutôt. Le sadique a besoin que l’autre lui oppose la plus grande résistance. Cependant les fictions théoriques ont la vie longue, en psychanalyse comme partout ailleurs. Il aura fallu attendre 1967 et la parution de l’essai de Gilles Deleuze intitulé « Présentation de Sacher Masoch» pour que soit ébranlée la notion d’une entité sado-masochiste indissociable.

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