Oedipe et Moïse. A propos de la notion de période de latence.  Avril 1996

Jean Mélon

 

Les  idées ici développées autour des figures mythiques d’Oedipe et de Moïse trouvent leur point de convergence dans la notion de latence, de temps ou de période de latence.

Latent veut d’abord dire caché, en opposition avec manifeste. Par dérivation, latent qualifie ce qui est en veilleuse, ou qui couve et qui attend les circonstances favorables à un possible réveil.

La notion de période de latence est centrale dans la théorie freudienne des psychonévroses mais elle l’est aussi pour l’histoire de la culture et de l’espèce humaines.

C’est une notion que Freud a empruntée à son ami Wilhelm Fliess. Elle est mentionnée pour la première fois dans l’article “La sexualité dans l’étiologie des névroses”, paru en 1898, donc bien avant les “Trois essais sur la théorie sexuelle”. Freud y souligne déjà l’importance cruciale du fait que la sexualité humaine se développe en deux temps, séparés, précisément, par la période de latence.

“… la véritable étiologie des psychonévroses est à trouver dans les expériences vécues de l’enfance, et cela à nouveau, et exclusivement, dans des impressions concernant la vie sexuelle. On a tort de négliger totalement la  vie sexuelle des enfants; ils sont, autant que je le sache, capables de toutes les réalisations sexuelles psychiques et de nombreuses réalisations somatiques…. Mais il est exact que l’organisation et l’évolution de l’espèce Homme tendent à éviter une activité sexuelle trop riche dans l’enfance; il semble que les forces pulsionnelles sexuelles de l’être humain doivent être stockées, pour servir de grands buts culturels lorsqu’elles sont ensuite libérées à l’époque de la puberté (Wilh. Fliess). A partir d’un tel ensemble de faits, on peut sans doute comprendre pourquoi des expériences sexuelles de l’enfance ne peuvent qu’agir de façon pathogène. Mais elles ne développent leur action que pour la plus petite part à l’époque où elles surviennent; bien plus considérable est leur action après-coup….”

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